Sommaire
1 | Quitter les lieux de cette enfance
2 | Litote
3 | La forme des dunes
4 | Paroles
5 | Le vrai visage de Peter Townsend
LE VRAI VISAGE DE PETER TOWNSEND
Il a repéré le livre dans la vitrine, attiré par le nom de l’auteur, un ancien héros de la Royal Air Force. Il ne l’aurait sans doute pas acheté si la libraire n’avait pas collé sur la porte l’affichette annonçant une séance de dédicace en présence de Peter Townsend. Il a jeté un œil à sa montre. Curieux du bonhomme, ce serait une bonne occasion de parler d’aviation. Il a poussé la porte de la librairie. Déjà on se pressait pour voir de près l’ancien amant de la princesse. Il s’est mis en retrait, a feuilleté le livre. Il a l’impression de lire ses propres mots « Ce ciel où mon existence devait prendre forme, seul dans les cieux, la Mort sans cesse à portée de voix ». Les deux hommes se sont d’abord parlé poliment, puis ils sont allés au café de la place pour évoquer ensemble le silence du ciel.
Au moment du départ au Canada il a préféré lui confier le livre. Elle l’a recouvert d’un papier épais pour le protéger. Elle lui accorde une grande valeur parce qu’il est dédicacé par Peter Townsend. Avant de le ranger dans sa bibliothèque, elle a inscrit le titre et le nom de l’auteur sur la couverture et la tranche du livre. Elle l’a lu, en a souligné une ou deux phrases, l’incohérence d’une conjugaison, marqué d’une accolade un paragraphe évoquant l’essai nucléaire de Trinity. Après la mort de son fils, elle a ajouté une mention manuscrite, ce livre m’a été confié par R, et je l’ai conservé précieusement, le parcours, de temps à autre.
Elle a un mal fou à se débarrasser des objets, et c’est encore plus difficile depuis la mort de sa mère. Finalement la maison est assez grande pour conserver tel tableau, tel cahier ou livre hérités de ses grands-parents. Elle n’a jamais réfléchi à pourquoi elle ressentait ce besoin de conserver les choses, c’est peut-être héréditaire, déjà sa grand-mère avait cette tendance à glaner, conserver, ordonner, annoter. Ce livre, peut-être à cause de la dédicace, et parce qu’il porte à travers elle la mémoire de son oncle adoré, elle décide de le conserver.
Sa cousine lui a tendu le livre, c’était à ton père. Dans l’angle supérieur droit de la couverture, l’écriture minuscule de sa grand-mère précise l’origine de l’ouvrage. À la fin de sa vie elle n’a cessé de couvrir les livres, les enveloppes, les carnets, de notes et sommaires. Elle accumule les commentaires en strates minuscules, construisant sa propre légende. Sur la page de titre, une dédicace — avec mon sympathique souvenir, Peter Townsend, Cap Bénat, 21.8.59. Ce nom lui dit vaguement quelque chose. Une enquête sommaire sur internet lui apprend qu’il est un héros de la Royal Air Force, et qu’il a failli épouser la princesse Margaret. Elle a rapporté le livre à Paris, a tenté de le lire, mais l’a trouvé ennuyeux. Elle l’a rangé dans son carré, un espace dans la bibliothèque où elle conserve un ensemble disparate de livres, ceux qu’on lui a transmis, ses livres d’enfance et sa documentation professionnelle.
Dans une série télévisée sur la famille royale d’Angleterre, elle découvre la relation amoureuse entre la princesse Margaret et le héros de la R.A.F. devenu écuyer du roi. Le romanesque de l’amour contrarié, l’exil forcé de Townsend en Belgique. Et Peter Townsend prend vie. Si elle s’y attache, c’est parce que soudainement elle se souvient du livre, de sa dédicace. Cet homme a rencontré son père. Dans une scène il écrit en aout 1959 une lettre à Margaret pour la prévenir de son prochain mariage avec une autre. Mue par une intuition, elle attrape le livre dans la bibliothèque et, relisant la dédicace, s’aperçoit qu’elle a été écrite précisément à cette période évoquée dans la série, quelques jours seulement après la lettre à Margaret. Quand il rencontre son père, Peter Townsend vient de faire le tour du monde pour se retrouver, effacer l’image d’un homme qu’il n’était pas, reprendre sa vie en main. Elle écarte les plis du papier qui protège le livre, redécouvre la couverture de l’ouvrage, le vrai visage de Peter Townsend. C’est ce visage sur la couverture, photographié dans un bus au cours du voyage, ce visage qui ne regarde pas l‘objectif. Ce visage qui lui permet d’imaginer la rencontre avec son père, de fabriquer le souvenir de cette rencontre qu’il n’a racontée à personne.
PAROLES
C’est l’objet le plus ancien que je possède, non pas qu’il soit ancien en soi — achevé d’imprimé le 2 mars 1972 — mais c’est de mon enfance un des seuls objets que j’ai pu conserver. Un de mes premiers livres bien qu’il n’ait pas été tout de suite tout à fait le mien. Il a d’abord été celui de ma sœur et probablement avant elle celui de mon frère, ou même de mon beau-père. Un jour il est devenu le mien, en témoignent les maigres lettres de mon prénom inscrites en capitales d’imprimerie sur la tranche, presque effacées aujourd’hui. Je l’ai protégé de toutes les tentatives de tri. Il est là entre mes mains et je plonge dans le parfum de son papier jauni. Si je l’ouvre je retrouve mes dessins sauvages, ils n’ont aucun rapport avec le contenu du livre, dont chaque page blanche devenait un espace d’expression. Sur la page de garde les sœurs et la marâtre de Cendrillon partent au bal abandonnant la jeune fille en haillons. Sur les feuillets suivants un portrait de profil, à cette l’époque je traçais une accolade sur laquelle je greffais bouche, yeux, cheveux, au loin une silhouette bras levés — quelle scène de retrouvailles s’écrit ? , puis un portrait de face, une jeune fille encore, sa mâchoire carrée, une croix autour du cou. Sur les deux pages suivantes en vis-à-vis le dessin très naïf d’une fillette en pied avec couettes blondes et robe à carreaux, et, sous le titre, un visage beaucoup plus maitrisé, il faudrait dire stéréotypé, probablement dessiné pendant les années du collège. Sur les deux versos blancs de la fin du livre on retrouve Cendrillon et sa bande, et un profil accolade. Je regarde le sommaire, certains titres de poème ont été souligné au bic vert, leur point commun est d’avoir été interprétés par Montand. D’autres marqués d’un point bleu, j’ignore pourquoi. Je me souviens que mon institutrice nous avait demandé de choisir n’importe lequel des poèmes extrait du livre, de l’apprendre pour le réciter en classe, et qu’il faudrait expliquer pourquoi ce choix. Je me souviens d’avoir eu la tentation d’apprendre Les paris stupides, parce qu’il tenait en une ligne, mais je savais bien que c’était un pari très risqué, j’ai oublié quel poème j’ai choisi. Je me souviens qu’avant moi ma sœur avait dû apprendre Pater noster, et que mon beau-père l’avait aidé à mettre des intentions dans sa déclamation, parce qu’il fallait toujours que tout soit parfait. Je me souviens de ma gêne lorsqu’il lui avait indiqué de se couvrir la poitrine avec les mains au moment de dire, Comme une jolie fille nue qui n’ose se montrer.
LA FORME DES DUNES
Le terrain vague / L’îlot (la maison d’enfance) / Les couvertures kabyles / Le piano peint / La ruine de Groussey / La forme des dunes à Carolles / L’arbre mort / Le lilas du garagiste / Le tunnel du Puntettu / La bague en argent de l’été 83 / Monika / Le cinéma Le Palace à Brunoy / L’aile nord de la maison d’Erbalunga / Le Pinocchio en plastique / La photo de M dans L’Oranais
Maintenant les souvenirs flottent entre le sable et le ciel. Il t’avait fallu une vingtaine d’années pour revenir, empêchée à plusieurs reprises par de menus incidents que tu interprétais comme des signes, la petite était fébrile la veille du départ, la grande avait vomi à l’arrière de la voiture au bout de quelques kilomètres, une tempête s’abattait violemment sur tout le Cotentin — ce n’était jamais le moment. Vingt ans, pour que tes petites inquiétudes, tes fantômes, lâchent prise. Cette fois vous aviez dépassé Villedieu, rien ne pourrait retarder davantage les retrouvailles avec ce qui avait survécu. Peut-être d’apercevoir la mer depuis la route ton cœur s’était mis à grossir, peut-être parce que tu ne savais pas tout à fait à quoi t’attendre. Avant les dunes, plusieurs signaux t’alertent. Ton ancienne école méconnaissable avec maintenant ses deux étages. La boulangerie, l’épicerie, la pharmacie fermées. Seul résiste, dans son état limite, L’Hôtel des Falaises. Il en porte toujours le nom, mais ne fait plus que tabac, presse et dépôt de pain. Le palmier au coin de l’avenue et de la nationale a été coupé. L’avenue de La Plage elle même semble avoir rétréci d’un bon tiers. Les briques rouges de la maison d’enfance ont été recouvertes de peinture blanche. Le lit du Crapeux est à sec. L’escalier qui descend depuis la digue a perdu une bonne dizaine de marches enfouies sous le sable et la digue ne mesure pas plus de deux mètres. Sous le ciel mouvant, la courbe de la baie de Granville te semble identique, bien que de nombreuses constructions aient envahi les mielles qui avaient résisté à l’urbanisation d’après guerre. Au sud de la plage la falaise n’a pas bougé, imposante silhouette brune, rassurante. Depuis l’estran montent des bouffées d’air iodé rassurantes. Tu marches sur la digue vers les dunes, les enrochements de granit sont toujours là. Mais les dunes. C’était ça les dunes dont tu lui as parlé ? On disait dans les dunes, mais ce n’est plus qu’une dune. Elle occupe pourtant le même espace, dans le quadrilatère entre la Madzon, La Chapelle Notre-Dame-de-Maudune, le passage au pied des cabines et la plage. Mais la dune est fermée par des ganivelles, entravée à l’ouest d’un sentier balisé. Mais la dune est devenue zone protégée. Mais la dune est plane, entièrement recouverte d’oyat, de chardons, queues de lapin ondulantes. Tu imagines les pelleteuses à l’œuvre, leurs bras mécaniques charriant le sable pour combler les creux, sans égards pour tes souvenirs. Feu les vallons sablonneux, le pays mouvant, les falaises imaginaires depuis lesquelles les garçons se jetaient en hurlant, les jeux guerriers, les cache-caches amoureux, les feux de camps, les pommes de terre cuites sous la cendre, les visages éclairés par les flammes, les histoires d’horreurs, la bière que tu faisais semblant d’aimer, la peur des gendarmes, les nuit blanches, les mains moites sous les pulls marins, les étreintes étouffées dans le sable. Tu marches le long du nouveau sentier, hypnotisée par l’ombre des ganivelles, tu scrutes la surface compacte de la dune, tu affrontes l’effacement, imaginant sous le sable les rhizomes qui œuvrent pour stabiliser ce territoire devenu inaccessible. Alors te revient la légende lue dans l’enfance, celle de la forêt de Scissy qui s’étendait du Mont à Saint-Pair, on dit qu’elle aurait été engloutie par un raz de marée au début du moyen âge, les ganivelles te paraissent bien dérisoires, un gain de temps provisoire.
LITOTE
Les librairies qui nous constituent en tant que lecteurices ? Non, je n’ai pas été de ces flâneuses de rayons. L’enfance passée dans une rue minuscule loin de la ville, la première librairie à dix kilomètres, les livres que nous possédions me semblaient avoir été toujours déjà là, hérités des aïeux ou offerts à l’occasion d’un anniversaire. Je crois bien que j’ignorais l’existence des libraires, quand je jouais j’étais plus volontiers bibliothécaire que libraire.
L’arrivée en ville — Bastia, l’année des onze ans et de l’élection de François Mitterand — m’ouvre les portes de la première librairie dont je me souvienne, boulevard Paoli, je n’y entrais que pour acheter les ouvrages imposés au collège. Pourtant la lecture était soutenue à la maison, des livres il y en avait beaucoup. Les classiques en poche. Les « sorties » arrivaient par la poste, commandées au Grand Livre du mois par mon beau-père. Dans mon souvenir un catalogue mensuel présentait les ouvrages parmi lesquelles on choisissait un titre, peut-être deux quand les livres n’étaient pas trop épais. Je ne me souviens pas être entrée dans une librairie à Marseille où j’ai vécu les trois années suivantes, les livres étaient toujours transmis, offerts, empruntés. Je lisais docilement Zola et Balzac, dévorais les romans populaire de Régine Desforges et Jeanne Bourin.
Le départ en banlieue parisienne l’année des seize ans. La découverte des rayons d’occases chez Gibert, j’y ai peut-être acheté un livre ou deux, toujours retenue par le manque de confiance, et l’argent. Mon beau-père continuait à m’offrir des livres, des folios, mon premier Nabokov, et Joyce, c’était lui, je me demande s’il les avait lus lui-même. Il m’arrivait aussi de voler des livres, une vieille édition anglaise d’un Byron chez cette famille où je faisais des babysitting, parce que l’objet était beau, trouvé au dessus d’une armoire où il prenait la poussière.
Les librairies j’ai fini par les explorer dans le cadre professionnel, les rayons Beaux-arts et jeunesse comme documentation, Chantelivre rue de Sèvres dans les années quatre-vingt dix, Artazart dans les années deux mille, j’y dépensais l’argent du patron. Puis les librairies étrangères, en voyage, à Londres, New-York, Lisbonne, lieux hybrides, librairies—cafés—galeries, toujours attirée par les éditions étrangères d’auteurs français, les couvertures bien plus audacieuses et colorées qu’en France, et cette mise à distance par la langue qui chargeait les textes de mystère.
C’est en arrivant dans le quartier où je vis depuis vingt-cinq ans que j’ai trouvé ma librairie, rue Parodi, Litote en tête, j’y achète tous mes livres, ou plutôt ceux que j’offre, Claude Royet-Journoud y a longtemps veillé à la bonne tenue du rayon poésie et m’a conseillé des ouvrages à destination de P. J’y ai laissé si souvent les filles en garde le temps des courses au Franprix de l’autre côté de la rue qu’un jour A a affirmé vouloir plus tard devenir Litote. Les librairies ne m’ont pas constituées lectrice, trop longtemps conditionnée par le manque d’argent, mais en écrivant ces mots, relevant la tête pour demander à A ce qui avait fait d’elle une si grande lectrice, j’ai été assez émue de l’entendre dire, la mif, la Litote et l’école.
QUITTER LES LIEUX DE CETTE ENFANCE
La bibliothèque de l’enfance s’étale sur un pan de mur sous les toits. Les livres y sont regroupés par collections, Bibliothèque Rose, Bibliothèque Verte, Rouge et Or Dauphine, le fuchsia des Comtesse de Ségur, le bleu roi des Heidi, les couleurs décalées des sept volumes de La petite maison dans la prairie, les Grands Classiques de la Littérature achetés par correspondance, reliés faux cuir marine et carmin, Contes et légendes de. Quelques Folios Junior. Le Paroles au pied du lit. Parfois la bibliothèque est détournée en maison de poupées, et les livres, le plus souvent les sept tomes épais de Laura Ingalls, se transforment en table, lit, banc pour les personnages que je découpe dans du papier. L’autre bibliothèque, fréquentée en cachette, se loge dans le garage de la maison du fond où vit ma grand mère d’adoption. Les livres s’entassent par centaines dans un vaisselier comme de vieux chiffons. Des livres cartonnés, des livres entoilés de tissus fanés, des livres brochés, des livres couverts de papier cristal, des livres à l’odeur rance. Un désordre poussiéreux où les capes et d’épées, les SF, les polars érotiques côtoient les romans à l’eau de rose que je convoite. Mais il faut quitter les lieux de cette enfance. On déménage souvent, les livres suivent, plus ou moins. On fabrique de nouvelles bibliothèques en médium que ma mère laque amoureusement d‘acrylique blanche. Impatiente de vider les cartons, elle range les livres sur les étagères fraîchement peintes, et quand ils n’y restent pas collés les livres conservent l’empreinte blanche sur leur tranche inférieure. La première bibliothèque de ma vie adulte est partagée avec P. J’apporte les poches et les quelques livres d’enfance sauvés des désherbages intempestifs de ma mère lors des déménagements, mes livres sont comme des souvenirs. Avant que nos bibliothèques fusionnent je grave un ex libris dans du linoléum et tamponne ses livres en bleu, les miens en rouge. Tous les livres que nous acquerrons par la suite échappent au tamponnage coloré. Un temps je recouvre certains livres de papier, kraft brun pour Sarraute et Malraux, kraft vert pour Duras et Giono, kraft brique pour Camus et Balzac, recyclage de papiers imprimés pour Nabokov. C’est P qui range les livres, sans doute parce qu’il est bibliothécaire, et que le plus souvent c’est lui qui les achète. Peut-être parce que je ne suis pas douée pour le rangement — pendant le confinement j’ai rassemblé certains livres par couleur, pour tuer le temps. Il n’y a pas d’ordre apparent mais quelques regroupements. Dans les toilettes sont relégués tous les poches, les livres qu’on garde par paresse, ceux qu’on se promet de relire, ceux qu’on ne relira jamais. Les Kundera que je n’ai jamais lus, mais qui me relient à ma mère qui l’a aimé beaucoup. Dans le séjour il y a trop de livres, ou peut-être pas assez de bibliothèques. Les contemporains, et la poésie qui prend de plus en plus de place. Il y a les livres posés sur le buffet en attente de lecture. Il y a les livres nomades qui passent de la table basse à la table de nuit. Les livres d’art — sauvés d’un pilonnage de la bibliothèque où travaille P — empilés sous une lampe tripode. Des publications amies remplissent les caisses à vins qui prolongent nos bibliothèques. Nous nous délestons parfois de quelques livres dans la bibliothèque-boîte-à-livre du hall de notre immeuble, j’hésite à y déposer les Kundera.
Très beau l’évocation du lien à votre mère à travers Kundera, avec cette chute.
La bibliothèque du garage visitée en cachette, ses trésors à l’eau de rose ou d’alcôve…( le dictionnaire médical en deux ou trois tomes dans la chambre de notre grand-mère ou nous puisions mon frère et moi les images interdites : l’homme qui portait son sexe dans une brouette…). Les Kundera qui te relient à elle, ces livres qu’ils aimaient jamais ouverts ou seulement entrouverts sur ce trait de crayon en aide mémoire ( ce chandail ou ce bijoux qui ne sera jamais porté). Le trop et le pas assez; places mouvantes, et il faudra de toute façon se délester.merci Caroline
merci!
(ça m’a rappelé que moi aussi j’ai été pressée de disposer les livres sur la peinture fraiche, j’ai donc une bibliothèque mariée à la recherche de Proust, qui y a perdu des pages)
Je crois bien qu’en lisant La Recherche j’ai sauté quelques pages 😊
moi ça tiendrait de l’armoire à livres de la grand mère sauf que ce sont aussi des paniers pour le siurplus, quelques rayonnages que ne peins pas, l’impossibilité de trouver celui ou cele (pour les revues) recherché et la trop grande difficulté de l’extraire
reste le plaisir de les lire ici ces bibliothèques de saluer le souvenir des contes et légendes de.. d’admirer les livres de la vie adulte, de sourire aux commentaires, de vérifier la place qu’ils prennent dans nos vies
Il est certainement plus prudent de ne pas les peindre ces rayonnages …
(la mif ? euh…)(je me souviens de la résidence à la litote…)
Je le me demande … tu as besoin d’une traduction pour mif ? 😜
#1 toujours la question de se débarrasser des livres qui ont compté mais qu’on ne lira plus, la peinture pas sèche, traces sur les tranches et couvertures en papier coloré, livres marqués tatoués par les événements et le passage du temps
#2 et tout comme toi l’enfance loin des librairies… et ensuite manque d’argent et le besoin d’en dérober quelques-uns….
je me reconnais dans le parcours que tu traces et le ressens … merci Caroline
Oui toujours émouvant ces échos partagés
« Mais la dune est fermée par des ganivelles, entravée à l’ouest d’un sentier balisé. Mais la dune est devenue zone protégée. Mais la dune est plane, entièrement recouverte d’oyat, de chardons, queues de lapin ondulantes… » hier une autre dune et l’accès vers la plage interdit, cette dune qui était devenue plane tranchée d’un coup de mer ( un rouleau d’océan) soudain à vif. Merci Caroline pour cette si belle évocation de « son » territoire dans ses effacements
oui Nathalie le dit bien… C’est beau. C’est cela. C’est ce que je dois chercher, pas aussi bien et différemment, d’ailleurs à la base ce ne l’est pas, mais il y a ce ton, cette poésie vraie parce que simple, sans effet, venue de la recherche de ce qui reste dans ce qui n’est plus. Merci Caroline
Rendre présents, vivants, par l’écriture les mille jeux dans les dunes falaises imaginaires. Merci Caroline.
on ne devrait jamais revenir… in se le dit et puis on s’habitue si on reste assez longtemps pour donner à ses souvenirs leur dignité de oassé
Prévert… et s’invite la liberté, elle s’invente à chaque page
De Peter Townsend, j’ai d’abord cru qu’il s’agissait du guitariste des Who (Pete Townsend en fait). Mais cette confusion (vite levée), au final, participe du brouillard que tu lèves lentement. C’est un beau texte, merci Caroline.
Merci pour ce beau portrait tout en biais.
que dire? maintenant que j’ai tout lu, juste … régal, et on vous retrouve
Le vrai visage de Peter Townsend, voilà un beau titre de roman, j’ai tout de suite eu envie d’aller lire. Il faut dire qu’il me ramenait ma mère. Toutes ces histoires qu’elle me racontait et dont je ne me souviens jamais très bien comme rendre pour l’histoire sa présence nécessaire comme quelque chose en moi qui refuserait que l’histoire soit complète ou achevée sans la voix de sa conteuse. Ton texte est très très beau. C’est une vraie nouvelle à lui seul, ce texte, comme tu le présentes avec le rapport au père à partir des dates. Top. Merci, Caroline. Pas lu le reste, mais arrêt toujours sur photos.