table des chapitres
1. de l’art de ranger ses livres ? bibliothèques (p)références
– addenda
2. histoire de mes librairies – corpos
3. aller dans le perdu
4. sans ce qu’il dit
5. ce livre, là
5. ce livre, là
cycle nouvelle 2 première boucle texte 5
on ne le voit pas très bien mais il est là, dans la bibliothèque du fond, juste à côté de l’exemplaire du Le Quai des brumes première édition (PMO) offerte par BF anniversaire sans doute des 27 ans (ce siècle-là avait alors justement 27 ans) (comme je ne l’ai jamais lu non plus, je ne sais pas si on y trouve ce t’as d’beaux tu sais qui a rendu ces yeux-là (c’est à vous, ces beaux yeux-là ?) célèbres comme le regard de celle qui les offre (MM)) – pas tout à fait certain – huit ou neuf cents pages je ne sais pas je ne l’ai pas lu je ne l’ai plus il est mort dans la maison brûlée car c’est dans la pièce de droite (on ne la voit pas) qu’y a pris naissance cet événement – il était là et attendait son heure – j’ai tellement aimé ce livre que je ne lisais que deux ou trois pages par jour pour garder le reste pour après je ne voulais pas qu’il s’arrête qu’il continue et continue encore tout le reste du temps disait-elle – offert aussi pour cadeau d’anniversaire trente-six c’est certain – la photo a été prise alors que l’opérateur est allongé dans un canapé un peu petit dont on devine l’amorce bord cadre en bas il semble que ce soit l’été : la lumière qui vient des deux portes ouvertes, sur la gauche de l’image, en atteste ou est la preuve – il y a une carte postale qui tient grâce à l’accroche du calendrier qui se trouve en dessous (il semble que ce calendrier soit là mais ne corresponde plus à la date non plus qu’à l’année de la photo (ce sont des images qui portent toutes sur le même thème je ne sais plus mais ce pouvait être Venise, Dali, Van Gogh ou Chagall) (non Chagall était dans la salle d’attente : par exemple un peu ici) (j’étais certain d’en avoir produit un billet : les douze images que je ne trouve plus – ici pourtant quelques images du peintre) ) – c’est un calendrier offert pour noël à l’enfant (une fille, l’aînée) dont la chambre correspond à l’entrée de lumière blanche à gauche (l’entrée de lumière plus beige correspond à la chambre des parents, la moitié de cette entrée est cachée par une bibliothèque où s’entreposaient les albums de photos de famille) – et puis voir les huit cent trente-cinq pages, le livre le plus vendu de la collection, et les considérations commerciales toujours d’attaque chez cet éditeur et peut-on reprocher à un éditeur de se soucier de la vente de ses produits ? du moment qu’il partage les fruits de son travail avec ses (est-ce un possessif ?) auteur.es (non mais l’inclusive a quelque chose d’important, c’est vrai, mais de frelaté aussi – je laisse je continue je laisse) ce qui, il faut en convenir sans jamais l’accepter, n’arrive jamais – le travail pendant la deuxième guerre mondiale (aujourd’hui, on tutoie la troisième et je ne crois pas si bien dire) – ce livre, donc, un livre oui roman fleuve d’un auteur suisse – francophone certes – on n’en sortira donc jamais, et sans doute certainement aussi sûr que c’est le printemps qui vient, aussi certain que l’été le suivra (j’écris à même le billet et je n’aime pas ça – il y a Alifib qui tourne, RW) – elle l’avait offert donc en se disant (et le lui rapportant) que parfois le matin lui venait la pensée que Ronsard portait le même prénom – et tous les deux couraient à toutes jambes pour attraper en riant le soixante-seize qui les mènerait à l’Hôtel de ville, dans cette rue du Roi de Sicile où un type vendait des bonsaïs dont elle adorait la magnificence (je n’ai jamais compris pourquoi, mais je crois que c’est parce que je ne l’ai pas lu, ce livre; il reposait dans cette bibliothèque en attendant son heure, je crois bien que j’en avais une certaine conscience un peu à la manière dont je me dis que l’écriture est une passion de vieillard comme on dit une danseuse pour un banquier, un homme politique ou quelque chose de ce genre – on ne parle guère de danseur pour une femme de ces acabits, peut-être un gigolo ? d’ailleurs, mais c’est dans le même compartiment, Louis Prima chantait sa chanson-phare à mes premières amours) (je ne m’égare que peu) – et tous les deux riaient encore en se retrouvant après les vacances qu’elle passait au Mans dans sa famille – tout ça est mort et bien mort : les premiers très grands trains à très grande vitesse allaient alors dans cette ville avant d’aborder la Bretagne et sur sa tombe dans un petit cimetière de banlieue, une petite croix de bois surplombait ce petit rectangle de terre non encore couvert d’une pierre – quelques semaines, probablement juillet ou septembre huit neuf – il y avait Tien’anmen (le type devant le chars et on n’a jamais su, cent, mille, dix mille morts ?) et il y avait du tennis (je pourrais savoir, John McEnroe ou Jimmy Connors ? je retarde…) et c’est ce moment-là qu’elle choisît, plus ou moins, pour s’en aller seule –
4. sans (savoir) ce qu’il dit (compréhensive)
disparitions, naissances, débuts peut-être, travaux, voyages, achats, pertes accidents : quelques dates sont là qui marquent, fêtes commémorations (celles d’anniversaires dont s’est saisies l’ordure – il y a quelque chose du déchet dans le rézosocio, quel qu’il soit – quelque chose du rapt, du ravissement, du vol, de l’emprunt – quelque chose d’un peu ignoble qui côtoie la réalité et souille le sacré – ce monde-là, sans musique) c’était un cadeau qui ne m’était pas destiné, je ne suis pas certain de la conjonction des dates mais il lui avait été offert par son amant qui venait de la quitter – à moins que ce ne fut elle qui l’ait éconduit envoyé paître agoni alors peut-être – ça ne lui ressemble pas vraiment de se séparer de quelqu’un – je ne sais plus exactement mais il lui en avait offert un exemplaire, le souvenir en est parfait, un gros livre, un pavé – rouge beige noire – plus d’un millier de pages, une couverture donc beige, aux titres rouges je l’ai oubliée mais m’en suis souvenu ensuite lorsqu’il est réapparu, la troisième fois, ici même, dans la petite bibliothèque du couloir qui va aux chambres d’amis – ici même mais pour la première fois, elle l’avait dans sa valise en arrivant, elle resterait avec l’aînée tandis que nous irions aux Lilas pour la seconde naissance – c’était en mai, je sais bien, et ce livre-là parut en février, cette année-là, publique cette notoriété – j’en étais aux enfants, mais à l’esprit vint assez vite le fait qu’il fallait entreprendre quelque chose dans mon métier, parce que à cette époque-là j’avais l’ambition de travailler avec plus de (re)connaissance(s) de cette espèce de profession que j’exerçais depuis cinq ou six ans sous ce statut – quinze ou vingt sous celle d’employé chef d’équipe que sais-je… – les honoraires en étaient insuffisants au regard de ceux demandés par d’autres, pas plus chenu.es que moi, non plus que plus agrégé.es à la profession – et ce fut un des premiers livres recommandés par la reprise des études – c’est surtout la fin qui m’intéressait, car elle traite de la méthode – les cent dernières pages crois-je ici et maintenant – j’avais écrit deux cents mais non, il y en a peut-être cinquante – mais les exemplaires (deux et trois sont ici), le deuxième est mien, donc si on suit bien, et il était empli de suie, il en reste des traces – il est aussi de poche, je pourrais les peser, tiens (le 2 : 851 grammes ; le 3 : 926) ; les mesurer (en centimètres : deux : 18/11 : trois : 19,5/13) (j’ai déjà donné dans ces caricatures d’objectivité…) – la pagination est strictement la même (1463 pages, augmentées d’une table de 3 pages puis d’un dernier feuillet au bas duquel figurent
2 : RÉALISATION : PAO ÉDITIONS DU SEUIL// IMPRESSION : MAURY-EUROLIVRES À MANCHECOURT (7-99) // DÉPÔT LÉGAL : FÉVRIER 1998. N°33416-3 (99/06/72865)
3 : RÉALISATION : PAO ÉDITIONS DU SEUIL// IMPRESSION : NORMANDIE ROTO S.A.S À LONRAI (61) // DÉPÔT LÉGAL MARS 2015. N°123309 (1500900) //Imprimé en France, augmenté d’un feuillet supplémentaire vierge)
quoi d’autre, je ne sais plus mais ce que je sais c’est que je ne suis pas comme les historien.nes qui sont capables d’ingurgiter ou de simplement lire des dizaines de milliers de pages sans le moindre mouvement de sourcil – la lecture est aussi, pour moi, un sport de combat – je ne lis qu’une vingtaine de pages par jour, au mieux, peut-être plus lors de ces études-là mais au mieux quarante – ça ne fait que trente-cinq jours finalement (car oui, j’ai tout lu – passionnant) pour ces moments-là qui durèrent deux ans (cette école-là – et je pense la plupart des universités – admet pour les salariés ou travailleurs ou quelque chose pris en profession un terme double pour l’obtention du diplôme (celui-là était d’études approfondies)) – et sans doute aucun en ai-je absorbé un bon nombre alors – mais je ne lis pas vite quand même et cependant – c’est une espèce d’handicap doublé d’un penchant à la rêverie et au commentaire (mais je n’annote jamais les livres, je trouve ça d’un incorrect foncier outrancier outrageant – au mieux, avec un carnet et un crayon prends-je quelques notes; je ne les corne pas non plus, incivilité ingrate, j’adopte le signet lequel peut prendre n’importe quelle forme, ticket de métro genovese,
scrontino de Giulianova (image – les courses, en arrivant tsais) ou autre chose pouvant en faire office)
plus tard, ces temps-ci, je me souviens d’avoir proposé (sans que je le suive d’effet) la lecture de ces quelques pages – 1359 à 1447 suivies du post-scriptum (1449-1452) – pour aider à entreprendre quelque entretien – la méthode de l’enquête dite comme la sociologie qui s’en inspire compréhensive – l’écoute de la même eau ainsi que les relances, oublieuses des problématiques imposées pour laisser aller où et comme il veut l’intervenant
le 3 est retourné (après image ouverte) dans la petite bibliothèque du couloir
le 2 a été sauvé (merci à E., encore) avec une bonne centaine d’autres, transportés dans des valises et des sacs eux-aussi vaguement enduits de suie, jusqu’au garage où j’ai tenté de les nettoyer mais non, restent et l’odeur et la teinte – à présent dans la nouvelle chambre, rangés dans une étagère trouvée dans la rue –
peut-être pour en finir avec l’exemplaire 1, ce souvenir que j’ai d’elle, aussi, la récipiendaire du pavé, c’est cette marche dans Naples où j’avais revêtu ses habits pour me faire passer pour quelqu’un d’autre auprès des instances administratives pour obtenir je ne sais quel passe-droit (on me l’offrit immédiatement) – avais-je devant le visage une voilette ? Je portais, c’est certain, son manteau au col de fourrure et son chapeau, mais avait-il une voilette ? (ce qu’on a pu rire…)
3. aller dans le perdu
– Il n’est pas certain qu’il n’y ait jamais mieux à faire qu’à lire. Bien sûr ici, il y a écrire. Mais ça ne compte pas, puisqu’on est en train d’écrire (ou de lire). Apparemment on n’en sort pas
– s’il fallait classer on n’en finirait jamais – les milliers de photos les milliers de mots – les chantiers les désirs les volontés les amours
– la cuisine, les sauces, les pâtes, les ragoûts (le ragu des Italien.nes) – blanquettes choucroutes bœufs bourguignons à la ficelle gros sel petits oignons – les divers menus de « on n’a pas toujours du caviar »
– la géographie des images de poursuite – la rubrique sur les pas – les rues des villes traversées
– La colonne de droite – les projets les avancées les abonnements (Ina Monde Diplo Médiapart) (les recherches iconographiques dans les images des pages des magazines) (dispersions) les séminaires pour apprendre – et tout le reste – les journaux
– peut-être (surtout) le journal de L’aiR Nu – qui retracerait ce moment (confination) sans oublier les affects et les diverses contraintes
– les projets d’ateliers (nouvelle d’Agon – parc – Norma – vivre – d’autres tant d’autres) des chantiers en projet (ou l’inverse) (Aldo – DP) – des séries d’images (bulgares, boites aux lettres, petits métiers, alimentation générale soit gréko-turcs, B2TS) – les séries «Oublier Paris » et « carnets de voyages »
– l’incendie et ses images
tout ça ne parle qu’à moi
– ça ne vient que maintenant mais c’est au début qu’il faudrait le poser : les chansons, les films, les fictions les rêves les transcriptions d’émissions de radio
– les films et les commentaires chez Lucien à indexer (c’est fait imparfaitement)
– sans compter les vieux, les aïeux, les grands-mères aux cheveux mauves aux manteaux d’astrakan aux dents parfaites rouges aux lèvres et parfums vaguement capiteux, les gilets et les poches, les cravates et les complets, la brillantine et l’Émail Diamant
– les alcools forts secs doux corsés, avec ou sans eau, les verres les cristal de Baccarra comme les marbres de Carrare les pieds ouvragés et les gouttes séchées et les téléphones blancs et les canapés du même ton
– au fond pas tellement les livres (des mentions, parfois – je ne compte (sur) rien bien que je regarde la boite aux lettres mail tous les jours, le rézosocio tous les jours l’écran tous les jours)
sans doute faut-il ressasser, à nouveau dans le sas, à travers le tamis, à nouveau trier repasser faire du net et du propre, lisser les plis et retenter de trouver ou tenter de retrouver ces larmes perdues, son âme d’enfant, les premières dents perdues dites de lait, les grippes les angines les angoisses les fièvres les crises asthme nerf foie, l’émerveillement à la moindre lumière, les souvenirs au soleil la neige des montagnes foulée en chaussures de ville, le bruit des rivières qui au loin se fondent dans les doux cris des oiseaux un matin, calmement tranquillement au fond du jardin, le Morvan, très loin le train une micheline rouge et jaune passe puis reste là attendant, c’est vers Corte que sa jumelle la croise très loin le bruit des vagues et la toute petite écume faite des toutes petites bulles gisant sur le sable et puis encore le sel aux bras qu’on goûte en remontant vers la maison, les souvenirs des granites à la fraise et des bombolonis vendus par le petit arabe qui les porte dans un plat de métal sur sa tête, ses pieds nus, son sourire peut-être, dans inventaire il y a sûrement aussi pas mal d’inventé, un accent de plus, le cri du propriétaire de l’agence « la suite Napoléon » au sixième étage qui domine le port, la lanterne à droite qui le soir le balaie et les cris des perruches qui s’envolent et tournent autour du mirador
et celles et ceux qu’on a croisé.es une fois, dont on savait bien qu’il y avait quelque chose, qu’on aurait pu prendre (pour en faire quoi, vazy) mais qu’on a laissé aller, chacun.e son chemin et dont on a oublié jusqu’au regard, il suffirait de rien, se croiser dans la rue, un mot sur un post-it, le signet dans un livre (par exemple je me souviens bien que la bibliothèque de la rue de la Sablière était rangée par ordre alphabétique, une fois elle avait pris le taureau par les cornes, les livres étaient en tas partout dans l’appartement il y avait un balcon qui donnait sur la rue, ça aurait aussi bien pu être sur une forêt, et ce qui unit le papier et les arbres et le printemps qui revenait) je ne sais pas exactement sont-ce des amis (que ce mot est sali galvaudé inutile décoloré passé) des relations des gens ? je n’aime pas « gens » – un mot qui n’a pas de singulier a quelque chose qui ne convient pas – on oublie, laisse, viens – ces gens – laisse –
oui, tôt le matin, tôt, rien ni personne, à peine une ampoule qui luit, à peine une respiration, quelques notes si besoin (ça par exemple) et puis laisser, prendre un livre et un café, rien, quelque chose qui ne raconte rien, une histoire, fausse, un événement qui s’est vraiment produit, un souffle d’il y a longtemps et puis oublier
2. histoire de mes librair(i)es
corpos
(Tunis) Sous les arcades de l’avenue de France, les boiseries, les livres de collection reliés en vitrine peu ouverts, comme sur la place du Palais Royal le comptoir le type en blouse grise, et Babar
(Tunis 2) dans les souks, loin de la porte de la Mer, il lit lunettes chandail alors qu’il doit faire quarante à l’ombre – les livres par milliers derrière lui et lui, il lit
Istanbul, non rien
(Lisbonne) sous les arcades de la place du Commerce, extrême est, une petite carriole trois cents livres, tout au plus – le libraire reste là assis sur son pliant, le dos au mur d’un des piliers – puis il se lève, mains croisées au dos, il marche avance marche parle seul des mots que seul il comprend – derrière lui le tramway
(Venise) j’ai posté le « et alors Venise ? » à l’attention de l’auteure de « Venise n’est pas à vendre » « aux bons soins » d’un restaurateur non loin de San Fantin mais la librairie française à côté de Zanipolo est fermée depuis bien des années (on y achetait des plans en papier en français insubmersibles)
(Palais Royal) l’hôtel, la Comédie, la Civette, (de)la Main et le clochard qui entre « qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ? » crie-t-il tout à coup – on s’affole d’abord un peu puis derrière la caisse, on sourit
(Sainte-Anne) du côté de l’hôpital psychiatrique la rue pointe sous la voie du réseau express régional, au fond de la perspective, les couleurs de la vitrine rose bleue les enfants les livres qui s’ouvrent et geignent, disposent des musiques entraînantes aident à comprendre à s’assurer à s’approprier – la libraire est une jeune femme qui sort de l’institut est en stage prend son travail très à cœur – ici dit-elle c’est un des quartiers les plus chers – ce n’est pas pour l’argent qu’on va faire ce métier, c’est une espèce de sacerdoce, et même les patrons ne font pas ça pour l’argent – non c’est l’amour des livres – parfois l’amour a bon dos
(Chartres) il n’y a aucune raison valable à ne pas vouloir distribuer un livre – quel qu’il soit – aucune raison – et à le vendre, bien sûr – « si le public en veut, c’est que ça a des qualités »
(rue Sébastien-Bottin) on a découvert on ne sait trop comment (on sait bien) quelques six mille feuillets qui traînaient là, quelque part, écrits de la main même de l’auteur ou dactylographiés par quelque esclave – des exégètes se sont penchés sur ces mots du « plus grand auteur du siècle » et il a été décidé en haut lieu d’en publier quelques uns – la maison éditrice possède un nombre important de succursales dédiées à la vente de ses produits (physiques) dans le pays (cf. Palais Royal ici même) – elle dispose d’une holding, et d’une société de distribution – la plateforme de ventes est en bonne forme et produit quelque chose comme quinze pour cent du chiffre d’affaires – lorsque le printemps revient, dans les jardins d’un hôtel particulier dont la rue porte le nom (sans la moindre obséquiosité) de son fondateur, ainsi qu’après une fête nationale le président de cette république qu’on dit cinquième, celui d’ici reçoit « ses » auteur.es et leurs ouailles pour quelques agapes car c’est ainsi que se crée le lien social
(avenue de France, Paris) la cinquantième vente cette semaine (source anonyme) « Skin Care – le guide pour prendre soin de sa peau et créer sa routine adaptée » (F1rst éditions dix-neuf quatre vingt quinze euros) (édite les séries « pour les nuls » non genrées d’ailleurs) (auteure Rose-Lucy) (le premier mot du site de cette maison d’éditions : « Lisez ! » – il dispose d’une holding tenue en main par un des milliardaires du système européen – une plate forme de distribution, mais pour les librairies dites physiques je ne suis pas certain)
(coin sud-est Saint-Germain – Grégoire-de-Tours) une grande partie de la publication réside dans le secteur du « développement personnel » et du « coaching » – on trouverait des statistiques à ce sujet dans le journal hebdomadaire mais corporatiste (abonnement 500 euros l’an – organe du syndicat patronal français des industries du livre lequel tient à jour une base de données (appuyée sur les ISBN – ressource publique, donc) dont toute la profession use moyennant, évidemment, abonnements et transferts des demandes lesquels créent des données qui elles-mêmes sont revendues etc.)
(Saint-Jacques) vers le haut de la rue qui commence au fleuve, en son faubourg lequel commence par l’emplacement d’un hôpital (c’est à peu près en général et obligatoirement rive gauche) dans une maison de maître – un hôtel particulier – entouré d’un jardin à la française – arbres centenaires ciel ouvert et parfums de roses et de lilas – se tiennent les bureaux d’une société, et d’un syndicat lesquels œuvrent à la bonne marche du secteur, en reconnaissent les valeurs et les qualités et tentent de lui donner des marges de manœuvres auprès des gouvernements successifs et des institutions qui par de l’argent et des subsides publiques aident à la pérennisation de celles et ceux qui demandent aides assistances secours résidences à-valoir bourses formations et autres capitaux financiers symboliques ou professionnels
(faubourg – Massa) le syndicat des libraires indépendants (de quoi, c’est toute la question) se trouve « vent debout » contre l’irruption dans son domaine d’une des plus importantes marques de distribution de la planète (elle est plébiscitée par le public – les livres peuvent s’y trouver dès qu’on a la simple idée de se les approprier (sauf cas particuliers d’incunables oubliés) – elle aide même à la production de ceux-ci s’il se trouvait nécessaire de les publier afin qu’un public distingué se les approprie à son tour – moyennant évidemment quelques frais mais qu’est-ce, que sont-ce ces frais au regard de la satisfaction des auteur.es et des lecteur.es ? rien)
(Raspail) l’appartement se trouvait au rez-de-chaussée, il donnait sur un jardin, habité par une belle personne depuis peu à la retraite, qui avait ouvert la première succursale d’une fédération nationale (cette fédération, dédiée au seul public des professions supérieures (manageur.es, cadres directeur.es supérieur.es ou pas), avait commencé à œuvrer au début des années soixante, dans un trois pièces au premier étage d’un immeuble du bas du boulevard Sébastopol, en vendant du gros blanc à ces acheteur.es donc captif.es complaisants condescendants consentants – le marketing aime, comme l’informatique du reste, à employer dans son vocabulaire des termes qui ressortent de la chasse, la colonie, la soumission et (en dernière analyse, certes) du patriarcat) j’étais avec mon amie et ce fut la première fois que j’entendis le mot « bouclard » lequel représente une officine vendant de ce type de produit d’une qualité (fatalement sinon ontologiquement) douteuse, sans doute, mais surtout dans un cadre à la limite de l’obscène (il n’y a guère loin du « bouclard » au « bordel » dans l’imaginaire de la profession) (SM)
(Lilas) (closerie des) on s’était installés dehors (c’était en juin) et elle avait commencé à me parler (elle fumait clope sur clope, on buvait du vin rouge – moi il y avait déjà un moment que j’avais arrêté les clopes mais je me souviens d’en avoir eu très envie, à ce moment-là) – le magnéto était branché les piles neuves le voyant clignotait – tout était parfait – ce qu’on a pu rire – ses « comme je suis un être assez sérieux » ses « j’étais toute petite, j’avais 24 ans » ce jour-là puis un autre – je me souviens coin Saints-Pères – Bac, cette terrasse malingre et les rires encore, ses « 46 rue de Naples deuxième étage » – ça n’a que peu à voir mais je l’aimais beaucoup, elle et ses « comme nul ne l’ignore » et ses « c’était absolument extravagant » – elle n’était pas à proprement parler libraire (MN)
dans cet ordre et parce que c’est vraiment tellement joli beau, cette reconnaissance à la dernière page d’un livre offert par l’Employée aux écritures (encore merci) (les ami.es sont les meilleur.es libraires) (Mathilde Roux en lit un extrait pour L’aiR Nu dans la rubrique L’aiR Lu qui est une forme sympathique de librairie)
(A.) ça s’appelait Poiré-Choquet, c’était installé non loin de la gare, dans la rue principale (aujourd’hui piétonne) ça avait un sous-sol complet dédié aux disques – des cabines pour les écouter un moment (on y allait pour ça, avec nos amoureuses) – ça avait quelque chose des médiathèques bien qu’il se soit agi de commerce – on pouvait prendre un livre (il n’y avait pas beaucoup de bandes dessinées) et le lire tranquillement installés au premier étage – on aurait pu en voler mais on ne s’y amusait pas à cause de la gentillesse de la disquaire – plus loin, dans la rue de la préfecture, il y avait la grande bibliothèque où on lisait les vieux livres (alors à ce moment dans ces conditions revenait parfois – tout le temps que ces souvenirs ont duré – ces mots des Assis
Et vous les écoutez, cognant leurs têtes chauves,
Aux murs sombres, plaquant et plaquant leurs pieds tors,
Et leurs boutons d’habit sont des prunelles fauves
Qui vous accrochent l’œil du fond des corridors !
qui peignaient les personnels agacés par des demandes incongrues)
les temps modernes
1. de l’art de ranger ses livres ? bibliothèques
(p)références
je ne les classe jamais, je les pose ici ou là, « l’Italie des années de plomb », « histoire de la Turquie », une (ou plusieurs plutôt) « scène de la vie privée, le « vocabulaire orthographique en cinquante mille mots », le carnet des films vus et celui des codes mots de passe – (qui avait offert relié pleine peau cette « comédie humaine » au chef ? je ne sais plus, j’ai oublié) les livres une fois lus presque toujours en entier ensuite ou en même temps vont ici ou là – il doit y avoir une dizaine de bibliothèques dans cette maison – la brûlée en comptait autant – on entre dans une librairie (le livre n’est pas une marchandise comme les autres disait la vulgate la doxa la voie de la rue ou la voix de son maître – le livre cet objet parfait disait l’autre) – il y a là un comptoir, une caisse enregistreuse et un tiroir caisse, une machine pour les paiements dématérialisés – et des références – des titres, un type ou une fille prêts à vous renseigner sur les nouvelles parutions ou les autres, ils (et elles) disent (ou pourraient vous dire) « on pousse celui-là » – ces parutions, ça doit se compter de l’ordre de dix ou vingt/jour en moyenne, ce qui ne veut rien dire (un ordre d’idée, une façon de penser) – les films il en sort (à Paris) une vingtaine par semaine – personne pour vous indiquer quoi que ce soit d’ailleurs et surtout pas la caissière (plutôt une fille tu remarqueras) – je mélange tout, on ne peut pas comparer : à la télévision plus de directs (le sport peut-être?) la radio internet les journaux les ouï-dire les bouche-à-oreille (ce serait à pleurer si ce n’était si ridiculement inutile) – qui aurait jamais le temps de lire quatre livres par jour ? – certains ne se sentent pas légitimes à entrer dans ces commerces différents des autres (oui, en quoi, on peut douter) – un peu comme sur l’avenue Montaigne (Paris, carré d’or Pinçon-Charlot*) on ne va pas entrer dans ce magasin de fringues : on ne peut pas se payer ce luxe alors ça servirait à quoi ? – sur le boulevard une librairie a fait place à ce marchand de sacs (l’homme le plus riche du monde…); sur le côté de la rue qui descend (Bonaparte : JiPé vivait en face avec sa mère, au quatrième il me semble bien illui jouait du piano; un jour très tôt le matin, vers deux heures comme ça, François Perier (le père de Jean-Marie) vint lui lire son « les mains sales » il me semble bien) sur le coin, une autre (de poésie très achalandée) (où travaillait un type, il portait des cartons (quatre-vingt pour cent de son temps de travail rémunéré au smic qui n’existait pas encore) qui deviendrait plus tard directeur d’un centre du livre (car le livre a son centre comme le cinéma du reste, ils sont nationaux qui plus est – mais pas la télé ni la radio ni les journaux) – ce pays aime les livres les écrivains les histoires les narrations diégétiques et le luxe insolent de sa gastronomie et ses vins ah ses vins oui ses vins – ses fromages – sa mode – ses images de marque – sur ce coin donc un magasin d’habits aujourd’hui, des tissus qui couvrent les corps – des objets qui meublent les esprits – « il faut bien avoir à l’esprit » dit le type dans le poste – sur un autre coin de la place il y avait un disquaire (un ancien commerce qui vendait des disques où la musique était gravée – au sillon miroscopique – tu te souviens ? ) c’est un magasin de montres de luxe (pas moins de cinq chiffres en euros steuplé) (bon d’accord quatre, mais le premier pas moins de six) – des garde-temps plus exactement soyons clairs et précis – les choses ont un nom, en face le supermarché continue son chemin (une marque du même tonneau que le reste), tout comme les brasseries (il y en a trois là, tellement renommées qu’on peut y voir la clientèle faire la queue pour avoir l’honneur d’installer son aura et son arrière-train sur des sièges de plastique tressé (un café ? 14 e) – un autre coin est comptoir d’un faiseur italien : il y avait là un drugstore (ça ne se dit plus) où un type (on l’appelait Carlos, un prénom porté par le fils de Françoise Dolto que j’aimais tant – je l’aime toujours d’ailleurs, comme ma grand-mère) lança un jour une grenade à fragmentation – devant la brasserie qui jouxte ce comptoir vers l’ouest on enleva un jour du début des années soixante (afin de faire fondre son enveloppe corporelle mais peut-être pas son âme qui peut savoir ? dans la chaux vive, quelque part en banlieue) un opposant d’une monarchie quelconque (Gian-Maria Volonté interprète le rôle dans un film d’Yves Boisset au début des années soixante-dix – on pose les réalisateurs (ce peuvent être des femmes, réalisatrices alors) de films ainsi que les gens qui écrivent des livres comme des auteurs (on revient là au masculin si tu permets), il y a même une politique pour ça, et voilà comment on les transforme en marque) – des choses à vendre – on peut élaborer à ces sujets-là des narrations (on dit story-telling pour faire plus vrai dans le marketing – c’est une science qui s’enseigne en école, on développe alors des plans-média lesquels ont pour but de faire connaître afin de persuader et d’influencer comme on dit maintenant les acheteurs (et les acheteuses, soyons justes : ce sont elles qui lisent (le) plus nous disent, imparables, les chiffres : imparables) : ce qu’ils (et elles donc) sont devenues par le simple accord des inconscients – simplicité enfantine – manœuvre dilatoire – publicité affirmative et coup-de-poing : déjà (ici un nombre, pas moins de 5 chiffres) de lecteurs (on ne va quand même pas mettre lectrices) ont été séduits – élevés – éduqués – contraints ? attrapés ? emprisonnés ? – je l’ai lu en deux heures et j’’en ai été enchanté.e – pas moins de pas plus que – les gens installent des puces à l’intérieur des couvertures – des punaises de livres sans doute – non, parce que ça a beau être l’un des objets (l’une des choses*) les plus parfaits du monde, ça n’empêche pas que ça peut se voler prendre tirer attraper emprisonner – avant au bas du boulevard juste perpendiculaire,en bas vers le fleuve, oui, vers le fleuve, il y a avait une enseigne – un libraire qui faisait aussi office d’éditeur – et les types (plutôt des types mais ils avaient leurs muses, évidemment tu sais comment c’est) (on les appelaient les maos – allaient se servir – ils disaient « on va tirer chez masp » c’était une antienne – les droits du soldat les livres de Fanon (pas Maurice mais je l’aime toujours quand même) le backlash *ou le rapport Hite* – et ils allaient ainsi lisant, sous la porte la clé a été glissée, Maspero est (comme son père, Maurice Halbwachs et bien d’autres – dont mon grand-père) parti retrouver (peut-être ? est-ce bien avéré sûr certain indiscutable?) Ben Barka –
*: non non mais attends j’ai pas la rèf
add
##0 avec lire & écrire (travail en cours -TEC - ou work in progress -WIP) (je ne fais pas remonter mais je publie dans l'autre partie)
je vais poser ça plus loin (c'est fait) (ça manque furieusement d'images)
- dimanche (D)je pensais à embrayer une histoire, nouvelle ou ancienne, roman n'importe - un texte et commencer
- lundi, autre chose, des chansons sans doute - j'attendais,je ne sais pas (toujours pas) si j'ai autre chose à faire qu'à écrire - j'ai acheté trois cahiers et puis -le clavier
- une quatraine de jours plus tard, j'avais déjà cessé (je pense à Will) (des velléités - je pars je ne reviens qu'après pâques mais ça n'a aucune importance : je pose ça là, une espèce de pierre de touche)
D.
C’est un jeu, juste un jeu – que je ne veux pas jouer, disait Antigone – un jeu, juste – oh pardon j’avais oublié désolée…
C’est ça juste un jeu. Pendant ce temps-là, l’armoire à pharmacie s’emplit de boites, de restes de médicaments, de pansements, de tubes, de cachets, tout ça tellement inutile maintenant.
Je sais aussi que ma maison n’est pas en mesure de statuer sur toute publication à venir (TB)
je préfère aller lire que de tenter de croire qu’attendre ce message pourrait le faire venir – comme si quelque chose pouvait influer sur quelque chose d’autre – comme si ça avait ce pouvoir
auto-définition de la fiction : En ce monde, nul ne peut me saisir. Car je réside aussi bien chez les morts que chez ceux qui ne sont pas nés (jnsp)
il s’agit d’une espèce de manque quelque chose qu’on n’arrive pas à combler sans l’aide l’appui la présence la réalité il faut qu’on voie qu’on touche qu’on sente ressente encore cette présence ce regard la joie de vivre ce moment précis présent et encore pouvoir en rire
c’est devant un écran qu’il passait le plus clair de son temps (ou derrière) – le plus foncé de son temps se trouvait dans ses rêves – brumes brouillards calques tulles et transparences talées
Elle voulait qu’on se voie, parce que j’avais suivi toute l’histoire, elle voulait me montrer son sourire retrouvé, nous avons déjeuné au soleil, nous avons beaucoup parlé, je suis reparti plus léger, peut-être parce que je ne me souvenais plus à quel moment j’avais cessé de m’inquiéter pour elle (adapté de CD)
Elle avait cent deux ans, elle vivait dans une petite chambre et attendait que ça se passe – deux ou trois peluches lui tenaient compagnie (sa main dans la mienne)
L.
Pauvre loup tremblant et blessé/ Mon cœur pleure sa vieille liberté (JC)
une autre chanson
Ferme tes yeux
écoute ton cœur battre maintenant
qu'es-tu devenu oh mon Dieu
qu'es-tu devenu
ferme tes yeux
écoute le silence maintenant
le temps passe et je suis
toujours dans ce monde de rêve
et je fais de mon mieux, je jure que je suis
je fais de mon mieux, je... mon père est mort
ferme tes yeux
Écoute la pluie, embrasse le sol
qu'est-ce qu'on est devenu oh mon Dieu
que sommes-nous devenus
ferme ton cœur
écoute le monde défait
le temps presse et je suis
toujours dans ce monde de peur
et je fais de mon mieux, je jure que je le suis
je fais de mon mieux, je... papa est mort (YN - trad. g)
et c’est la croix du Sud que je viens de semer
et qui du fond du ciel étoile ton sommeil
le souffle du bandonéon avale mes poignets
et les cils des feux rouges clignotent sans arrêt
pour me faire chanter me taire ou bien voler
et dans ce monde où tous les hommes se croient debout
je suis le seul à me vanter de me traîner à tes genoux (JC)
et puis
au fond de cet estuaire où viennent les pétroliers
donner à la rivière un long baiser salé
Numéroter (ses abattis) : dans l’extrait 1, le jeu qu’on joue ; auquel on joue, qu’on ne veut pas auquel on ne veut pas – quelque chose des réponses des présences des oublis des mises à distance de ce que disait à Cary Grant Mae West « tu ne dois pas désirer mais être désiré » lu ça quelque part (probablement dans le canard télévision radio cinéma dans cet ordre – on y fait de la critique de littérature aussi,mais ça ne vient pas dans son titre)
Pour elle, c’est un rêve, une histoire qu’on raconte aux enfants avant qu’elles ne s’endorment (eux aussi), elle avait gagné plusieurs dizaines de millions à la loterie, lesquels avaient été investis par un professionnel de cette profession, elle avait porté sur le testament qu’elle avait signé les noms de quatre de ses neveux et pas des autres – parts égales – mais qui pourrait n’être effectif que vingt cinq ans après sa mort – et depuis elle vivait là assise, ses oreillers, sa dame de compagnie qui était aussi infirmière qui s’appelait Blanche – trois filles et un garçon pour ne pas aller contre la réalité – et développer les personnages – juste un rêve, juste un rêve éveillé avant de dormir
Il faut porter du chaos en soi pour enfanter une histoire qui danse (ECH)
Relire la préface de La Folie Almayer pour prendre les noms des bateaux empruntés par Conrad durant l’écriture de son roman – en investir les noms des protagonistes – la chanson Sway interprétée par Dean Martin en karaoké à l’ouverture du film
Laisser infuser, ne jamais désespérer
M.
la plupart du temps ah… le truc s’est échappé il reviendra peut-être – ou alors il vaut mieux ne pas trop en faire et faire patienter laisser faire le temps – un moment, comme par jeu, comme quand petit on (une de mes sœurs) donnait une baffe à l’autre (moi en l’occurrence) expliquant que « c’est pour voir ta réaction » ou comme lorsque un chanteur (c’est une profession : on chante et sans doute cela s’apprend-il) brûlait une grosse coupure sur le plateau de la télévision (elle commençait alors et elle continue à présent, avec une esthétique et une mentalité qu’on ne pouvait pas apercevoir – il n’y avait pas tant de vulgarité, mais comme on voit, très vite, ce retard fut comblé) – ça me fait souvenir de sua emitenza qui mimait l’acte sexuel se tenant debout derrière une agente de police – il souriait de toutes ses fausses dents et trouvait ça très élégant, sinon distingué – et à chacune des tentatives de retrouver ce truc il s’en va -
une chanson (c’est une chanson de femme – une genre particulier, comme celle réaliste – ou burlesque etc.)
Hush now, don't explain tais-toi maintenant
I know you ain't staying je sais que tu vas partir
I'm glad you're back mais je suis content que tu sois là
Don't explain N’explique rien (il n’y a rien à dire)
Quiet, don't explain Rien du tout
You've mixed with some dame tu as rencontré quelqu’un
Skip that lipstick enlève ce rouge à tes lèvres
Don't explain tout va bien
You know that I love you tu sais que je t’aime
And what love endures et ce que l’amour fait endurer
Nothing rates above you rien - rien - ne compte sinon toi
When I'm so completely yours quand je suis tant à toi (je ne suis rien qu’à toi)
Cry to hear folks chatter pleurer d’entendre ces bavardages
And I know you cheat et je sais que tu triches
Right and wrong don't matter vrai ou faux on s’en fout
When you're with me, sweet quand tu es avec moi mon amour
Hush now, don't explain
You're my joy and pain
My life's yours, love
Don't explain
You know that I love you
And what love endures
Nothing rates above you
When I'm so completely yours
Cry to hear folks chatter
And I know you cheat
But, right and wrong don't matter
When you're with me, sweet
Hush now, don't explain taistoi ne dis rien
You're my joy and pain ma joie ma douleur
My life's yours, love ma vie n’est qu’à toi, mon amour
Don't explain ne dis rien
un peu de dégoût hein
se taire ? Jamais
ne rien en dire ? certainement pas
cacher travestir s’illusionner
ébaucher euphémiser contre mauvaise fortune – non-cadre-là
ça n’avait rien d’exceptionnel, « qu’est-ce tu fais ? » – tu viens ? – sur la terrasse près de la mairie du godillot, dans la salle où les hors-d’œuvre comme les plats sont à volonté – verre de vin aligot saucisse ou foie de veau – on s’en fout viens – où on a parlé de Venise, de Lisbonne, des portes de Paris de choses d’autres – qu’est-ce tu lis ? – rien d’exceptionnel vraiment – t’as été au ciné ? – mais vers treize tout le monde mange j’ai beau dire
j’ai regardé vingt fois mais rien
ça ne change rien – mais cette chanson ? les gens vaquent
je vois pour Amman (des villes comme des histoires, Alep, Syracuse, Samarcande)
il s’agit ni plus ni moins que de travestir son désir – faire comme s’il n’existait pas et de ce fait, il n’existe pas (ce qui n’infère pas qu’il n’existe plus – il est tu comme c’est si bien dit)
un soir vers vingt-deux heures, pour la huitième fois de la journée je tentais de le joindre – octobre 81 – et lui décrochant « qu’est-ce que tu me veux encore ? (il pensait parler à son assistant me dit-il plus tard) – euh dis-je non je vous joins de la part de ... » on a pris rendez-vous au studio de la rue Fontarabie – il y avait là Simone Signoret avec ses cheveux mauves son regard magnifique son sourire tendre et Fanny Cottençon parfaitement concentrée je me souviens – lui était à la coiffure « alors, vous voulez savoir pour le coucher de soleil dans « Coup de torchon » je parie ? » souriant
M.
tout est faux et après ? regarder un peu attendre et voir
les aigreurs d’estomac dues aux antibiotiques et anti-inflammatoires – un appel téléphonique « ils vont bien me trouver quelque chose à la prostate à nos âges » - des choses dans Le livre noir (OP)
JVS
Rien – le truc est encombrant ça prend ça ne lâche pas – travail à la table avec Hiam et rappel en séminaire puisque par moi le film a été indiqué – le bateau qui brise le pont de Baltimore et l’enquête sur les pneus marathon – tu crois que j’y arriverai jamais ?
Je pense si souvent à toi que ma raison en chavire
Comme feraient les barques bleues
et mêmes les plus grands navires (JC)
autre chose – semblable toujours en face – la chronique de Frédéric Lordon, suivant celle de Judith Butler : la terreur, l’horreur – et appeler ces actions « résistance » a quelque chose de tellement frelaté
si tu veux voir, ça n’a rien de spécialement grave, juste ça creuse un trou dans le cœur – profond intense noir – avant qu’elle ne soit refaite, la gare de l’Est disposait d’un hall et devant les guichets, une vingtaine, il y avait des sortes de banc sur lesquels on pouvait poser ses bagages en attendant que le guichet se libère – une nuit de rupture passée sur l’un d’entre eux
D.
– à qui on les donne tous ces rêves qui nous secouent ?(MB)
c’est vu d’en bas des escaliers elle porte un plateau, des gâteaux c’est en contre-plongée – une vingtaine de marches, un mur de granit gris le ciel elle en tablier – elle est en haut la terrasse les clients sans doute mais tout est décadré pour lavoir qu’elle c’est au bord de l’eau
intimidée au début par le circuit des livres, leur ordre souple mais ordre et puis me suis ragaillardie (quoique déjà des moments qui me faisaient signe) quand vous êtes sorti dans la rue et tout ce qui s’enchaîne (un salut à FP | je cède aux initiales ça ml »évite de vérifier combien de r | en passant) et me suis agréablement paumée en tentant de vous suivre (ça pour le 1 – m’en vais remonter lire le 2, renoncé à l’écrire aujourd’hui pas le temps de plonger et puis je perds un temps fou avec mes mains et les innombrables corrections à faire, on verra demain ou mañana)
alors saveur des librairies – j’aime les descriptions d’ambiance, j’aime votre dent dure l’air de rien, j’aime le charme des souvenirs
La cariole aux trois cents livres, l’amour qui a bon dos, et puis Lilas bien sûr. Se perdre en lisant Piero. Oui, Brigitte, sa dent dure aussi. 🙂
« les larmes perdues, son âme d’enfant, les premières dents perdues dites de lait, les grippes les angines les angoisses les fièvres les crises asthme nerf foie, l’émerveillement à la moindre lumière, les souvenirs au soleil la neige des montagnes foulée en chaussures de ville, » ( cheveux mauves et astrakan brillantine émail diamant ) ( les croisés laissé passé ) « oui, tôt le matin, tôt, rien ni personne, à peine une ampoule qui luit, à peine une respiration, quelques notes si besoin (ça par exemple) « et puis laisser, prendre un livre et un café, rien, quelque chose qui ne raconte rien, une histoire, fausse, un événement qui s’est vraiment produit, un souffle d’il y a longtemps et puis oublier » Je coupe et je colle comme souligner au crayon de bois ou glisser un post-it pour ne pas oublier . (émouvant)Merci Piero
Ah, les images !… des gens, des murs, des ciels… Risque qu’on s’en contente sans lire ?
« S’il fallait classer on n’en finirait jamais »
c’est clair, classer les photos, les mots, les volontés, les amours, les désirs… c’est sûr qu’on en finirait jamais, ça me parle aussi.
Et puis « – sans compter les vieux, les aïeux, les grands-mères aux cheveux mauves aux manteaux d’astrakan aux dents parfaites rouges aux lèvres et parfums vaguement capiteux, les gilets et les poches, les cravates et les complets, la brillantine et l’Émail Diamant »
C’est toujours un bonheur de te lire. C’est plein de surprises, dense , foisonnant, drôle et émouvant. Merci pour « cet aller dans le perdu »
suis venue chercher de quoi m’aider pour la 3 malgré différences de ce que sommes, un élan
bon ce n’était pas applicable pour moi bien entendu, mais tant pis, ai souri à la liberté par rapport à la stricte application de la consigne, admiré comme toujours l’étendue des classifications envisagées, admiré encore davantage la façon dont cela est dit, et ne puis que tenter d’encourager l’entêtement, la persistance à ces désirs de retenir… même que s’il ne reste que le souvenir des choses, et de « celles et ceux qu’on a croisé.es une fois, dont on savait bien qu’il y avait quelque chose, qu’on aurait pu prendre (pour en faire quoi, vazy) mais qu’on a laissé aller, »
« sans doute faut-il ressasser, à nouveau dans le sas, à travers le tamis, à nouveau trier repasser faire du net et du propre, lisser les plis et retenter de trouver ou tenter de retrouver ces…. » Etc… Comme je comprends ce sentiment de fatras à la fois précieux et indigeste à mentaliser; L »écrire, c’est lui donner une place à part pour continuer à vivre de ce qui a déjà été vécu, mal trié, mal classé, mais précieux, oui précieux pour passer le cap des âges et des renoncements. Je lis sans doute mal ce qu vous écrivez, mais j’y reconnais des choses qui me parlent directement à la racine du goût de dire. Raconter ne suffit pas, inventorier non plus. L’essentiel est le moment où l’on se répond, s’encourage sans idée …arrêtée. Un mouvement de compréhension, au sens de rechercher une vision partagée dans l’instant que l’on sait éphémère. Pour ma part, je ne vois que le poème pour sortir de temps en temps de cette vie (précieuse) et encombrée.
Brigitte, Anne, Nathalie, Philippe, Françoise, Marie-Thérèse (et encore Brigitte) merci à vous de vos passages et de vos commentaires qui font chaud
« donc si on suit bien, et il était empli de suie, il en reste des traces » ça voyage mais on suit très bien, avec détours sans tout savoir : volume, matière, pesée, mesure, brûlure et bribes de vie en lecture ( merci !)
@Nathalie : oui,on suit ? – merci trop sympa…
Salut Piero
Des pages comme celles là, j’en lirais bien plus de quarante par jour.
Ton flot, ton flux, je m’y sens fort bien, accueilli dans une des chambres d’amis.
JM
salut Jean-Marie (à force tu te lasserais je pense), mais merci à toi -les amis sont importants. Merci
Viens de lire aller dans le perdu, et c’est le flux de la vie qui déferle. Très touchée par vos mots, images, scènes accueillies/recueillies/saisies.
@Betty : merci à vous de vous être laissée emporter…bonne suite
je finis par me demander si je ne participe pas pour me donner le droit de venir vous lire et découvrir ce que vous a dit la proposition, vous et quelques autres (pas le temps de plus suis si lente ce pourquoi je me sens de plus en plus déplacée dans l’atelier) et c’est une belle récompense chaque fois même si ne comprends pas toujours tout à fait tout, rien que la façon dont c’est dit (et là il y a la récipiendaire du livre et vous que j’imagine vêtu comme elle et trompant l’administration ou la chose approchante… j’espère que voilette il y avait)
@Brigitte : (parfois je ne comprends pas vraiment tout non plus…)mais votre soutien m’est très important – et je vous en remercie(évidemment que vous avez mille fois votre place ici, quelle affaire…)
J’adore votre débit, ça court, ça circule, on se perd, parfois on ne sait même pas qu’on s’est perdu ! Waouh, bravo ! Ravie d’être de retour et de vous lire.
@Chantal: content de vous revoir aussi – et merci à vous
Perdue à te suivre à la poursuite du livre perdu, le début d’histoire effleurée avec personnage esquissé et lire vite est obligatoire à perdre haleine pour tenir le fil… Et au bout cette police de caractère différente et Julien Clerc avec des bribes que je connais par coeur comme être rattrapée de justesse et ces histoires courtes qui éclosent… mais d’où tu sors tout ça. Beaucoup aimé cette partie particulièrement aussi, du début ou de la fin, François aussi à décidé de nous perdre dans ce cycle. Merci, Piero.
@Anne Dejardin : merci à toi (ton indulgence – ton enthousiasme) (merci Anne)
l’amorce du canapé, le calendrier et la carte je les devine. L’amorce du canapé j’aurais pu, sans les mots, la lire comme l’amorce de l’encadrement d’un miroir ; comme si cette image floue était celle d’un reflet. On peut faire durer la lecture ou ne jamais finir, on peut repousser les limites d’une image, se laisser embarquer et ne pas revenir… On peut rêver les livres disparus… Et ce bouquet sur la gauche?