Notes du temps parsemant le fil des jours d’éclats irisés stylisés comme volutes sur un ciel Noir Noir qui n’en serait pas quand les lumières s’éteignent et que la vie t’abandonne Il ne lui reste que son souffle lente respiration rythmée par la fièvre Noir des nuits sur la page Noir des mots qu’il lit pour s’accrocher s’accrocher encore pour retrouver les mots du dire Noir intense de l’instant et rester muet car la douleur n’a pas de dire Se recroqueviller et devenir minuscule léger Apesanteur S’efforcerait-il Le voudrait-il la pensée butte retorse à la mémoire Il veut ses mots pour oublier ses morts Elle patiente Bleu Le bleu intense qui annonce le couchant Bleu d’outre mer minéral éthérique Bleu qu’il regarde sans jamais baisser les yeux contemplant la ligne des confins où fourmillent mille histoires perdues voie lactée imaginaire dont les éclats d’or deviennent maisons ondoyant au milieu des vagues à la proue de la côte Il sent la froideur de l’air porté par le courant vif Sur sa pointe la ville s’érige face au vent d’Est au Sirocco au Mistral giflée par les pluies d’automne écrasée et minuscule sous les nuages d’équinoxe trop lourds gris sale ourlés de pourpre Bleu englouti avec les dernières minutes du jour Bleu silencieux des nuits réveils accompagnés de l’ombre de la lune et apprivoiser le lent passage des heures muet privé de mots Lumineux terrain de jeux Bleu d’enfance encore sans paroles Qu’était-il alors sans âge sans mémoire avec pour seul horizon le Bleu Tuiles du marché central Il ne voyait que le rebord des étals gris bordés de couleurs aux formes encore inconnues existant sous leur nom nommé par des voix qui ne s’adressaient pas à lui Bleu pour apprendre le monde et les noms de ses rues Elle l’attend pourtant Terre de sienne Terre enchanteresse vers où voguent les hommes suivant leurs vies contées depuis si si longtemps Terre de mots dits par le maître et oser cette couleur sur un dessin la voir sur le mastic de la fenêtre sur le mur du marché central avec son nouveau parking sur le toit Ne pas l’aimer sans trop savoir pourquoi la pluie ou parce qu’il ne parcourait plus la rue étroite aux mille boutiques et échoppes Il y avait alors ce goût essentiel économe d’une abondance encore discrète encore austère Le luxe c’était les autres Terre ici Pommes de terre pesées sur une balance romaine qui toujours l’enchanterait ainsi que les gestes fluides de grosses mains agricoles Tomette ni rouge ni ocre ni carmin veiné de bleu dont il suivait le dessin hexagonal Il découvrira plus tard cette couleur sur les murs du marché central refait à neuf et dont les allées ne sont plus de ciment mais d’un carrelage aseptisé sous des néons trop clairs Tomette couleur ligure comme tous ces géraniums qui donnent un folklore généreux à la rue marchande dont les touristes le mettent à l’étroit et l’incongruité chromatique chagrine son cœur adulte Le luxe est toujours ailleurs vers les collines Il regarde là où il habitait et au nom du Boulevard son cœur bat la chamade Il guette du regard la large baie chaque fois chaque fois que l’avion descend vers l’aéroport et voit la ville pailletée d’or sous le soleil Tomette Couleur étrangère toutefois si intime Il ne comprend pas cette réticence à la dire sienne Intime des autres l’individu non lui comme un distance nécessaire entre lui et l’inconnu pour l’explorer encore et laisser la place au regret Il n’y a pas de mémoire sans abandon Il suit encore du regard la crête des montagnes l’échancrure de la côte l’avancée de la ville dans la mer tandis que l’avion va atterrir Il aime à se dire de cette terre-mer de ce ciel-mer souffle d’air qui accompagne le temps Elle l’aime Ecorce bruns grisés veinés de vert Il regarde la ville à l’abri des pins sous le vent pour offrir un havre aux bateaux Il regarde voiliers et yachts qui habillent le quai s’attarde sur une manœuvre et détourne la tête au grésillement d’un hors-bord venant de la droite Ecorces sur le sol au pied des lauriers et des agaves Froissement doux Craquèlement imperceptible à chaque pas C’était comme revenir d’une terre lointaine en remontant l’allée vers la castre C’était dire ses écailles son appartenance presque une surprise à la découvrir sous sa peau et dos à la mer il contempla la ligne des collines et au loin le flou des sommets La mémoire de pierre de la ville était comme lui plantée sur un roc la tête dans les étoiles Ecorce sous laquelle les façades contemporaines lissent un monde urbain dont il se satisfait où l’immeuble d’acier et de verre surplombe l’escalier monumental du XIXe siècle Ecorce de pin aux mille strates La rue marchande trace sa veinule parallèle à la baie Le toit du marché central se devine par l’espace que délimitent quelques murs clairs aux yeux vides Elle s’approche Tout semble comme toujours Blanc Il n’y a qu’un regard posé devant soi imparfait malingre tremblotant reflet sur une vitre sale sur laquelle on recherche le meilleur trait l’angle flatteur Tout ce vrai n’est qu’un récit trois couleurs quelques sons milliers de gestes lieux changeants long de la spirale du temps où le temps revient cyclique mais jamais au même point Blanc Même de son regard elle ne peut dire qu’il soit celui-là celui qu’elle voit.
Poésie voyage il n’y a pas de mémoire sans abandon couleurs et ce Elle au milieu qui revient de ci de là. Merci
Merci d’avoir apprécié ce petit texte.
Je viens d’en modifier la fin.