Toucher cette rive là, est-ce cela arriver ? Ce que tout le monde ignore longtemps c’est qu’il y a des mers dont les terres émergées ne tolèrent pas la destruction du décrire. Peinte par les plus grands, racontée par d’illustres anciens, promue, refaçonnée, dépeinte et repeinte par ceux qui en vivent ou la découvrent ou se noient à vouloir la rejoindre, cette rive là n’est pas abordable. Les mots s’y échouent. Les descriptions s’y fracassent. Ce que tout le monde veut ignorer, c’est que cette rive là, décor du grand théâtre où chacun joue le rôle du protagoniste de l’ego de l’autre, n’est pas une scène. Cette rive là, personne n’ose le savoir, n’a nul besoin d’acteurs, nul besoin de textes, nul besoin de cintres, nul besoin d’artefacts, nul besoin de nous. Nous qui ne savons pas que nous sommes de trop. Ces nous inutiles, prédateurs, y compris de nous mêmes, qui ne savons rien de Pangée, cette somme de toutes les terres. Nom nu, nomen nudum, d’une terre-mère dont les fractures à venir se feront sans humains. Pangée qui ne garde en sa mémoire qu’une image, une seule et unique image : les pieds humides de cette femme nue marchant sur les galets d’une plage. Cette femme qui ne sait pas que ses traces éphémères demeurent à jamais dans l’âme de toutes les terres émergées.
C’est drôle, hier soir pendant le Zoom, mes doutes portaient sur le « nous » et voilà qu’il est là aussi. (j’aime voir des chouettes coïncidences partout). Mais surtout c’est très beau: les 2 dernières phrases m’ont emportée!
Super ! J’attends la suite avec une énorme curiosité… sûrement la lire avant de me lancer à mon tour à l’assaut de cette côte où aucun mot ne peut accoster. Merci Hugo !
ce roman sans roman qui se pose sur la rive qui arrive se dépose sans histoire et suspend une image. Beau
Rivée à la rive, prête à embarquer !
Tous les matins du monde, aubes après aubes……………………….