Naître, ramper quelques temps, tituber, tituber dans la première langue, puis emmenée ailleurs dans une autre terre moins rêche et alors une nouvelle langue comme des béquilles, et ne plus tituber. Naître une deuxième fois dans les livres, voyager dans les mots, dans les mots des autres, longtemps. Rebondir d’une rive à l’autre, rebondir ne plus réussir à poser les pieds longtemps au sol, rebondir. Fuir toujours, ne jamais décider, puis finir par s’unir, à l’autre rive, par peur de perdre l’origine. Alors première grande décision : quitter. Trois mois, et décider de repartir à zéro, tout lâcher. Naître une troisième fois. Rire, crier, courir, d’avion en avion, de personne en personne, essayer de rattraper le temps –tomber– Rencontrer les yeux qui apaisent, qui fixent, qui enracinent. Ne plus rebondir, ne plus tomber.
Enseigner et renaître. Mais mourir doucement, mourir doucement devant les esprits qui se rétrécissent, les injustices qui gonflent, les aberrations, les courts-circuits. Ecrire et renaître à chaque fois.
Non, ne pas mourir (doucement, non plus)
vivre doucement alors !
j’ai aimé le rythme et la brièveté du texte, cadence donnée par ces différentes naissances, ou plutôt renaissances qu’on devine au hasard des cahots de la route…