Brun. Murcy était un ours en peluche brun. Son museau raplati et l’intérieur de ses oreilles étaient blancs. Du museau se détachait une truffe de plastique noir, souvent croquée recousue. Murcy était un ourson sans qualités. Loin d’Otto de Tomi Ungerer, il était sans histoire. Sa fonction, attendre. Attendre que je rentre, attendre que je le remarque, attendre que je lui prête attention. Il était toujours là. Son corps rembourré, sa fourrure pelucheuse étaient confortables, réconfortants. On aimait y poser la tête. Comment imaginer qu’il était un multiple ? Comment imaginer qu’il procédait d’une fabrication en série, qu’il était un produit d’usine ? Il m’avait été donné à la naissance, Murcy était donc né avec moi. Comme souvent à l’époque, il était pourvu d’un dispositif sonore qui se mettait en action sous pression de la main. Murcy s’appelait Murcy – prononcer Meur-si-, ce n’est pas moi qui l’ai nommé. Je ne sais pas écrire son nom, mais c’est comme ça que je le vois, proche du « mercy » anglais. Murcy est un ours de Schrödinger. Son oreille gauche est déchirée, pendante. Dans le même temps de la mémoire, elle est intègre. Sur le lit d’enfance, Murcy, l’ours sans qualités, attend.
Comment imaginer qu’il n’était un multiple triste rappel de la série qui propulse l’ours sans qualité à sa place d’artéfact …
Oui mais je crois que dans les yeux de l’enfant chaque objet est élu…j’aime bien ce genre de paradoxe. Belle journée, en écriture peut-être !
oui! joli paradoxe … merci pour la belle journée je viens enfin d’envoyer le recueil vers son étape mise en page… alors une petite pause ( lecture?) . Belle journée avec ou sans écriture…
Et tout le meilleur pour cette nouvelle étape !