Devant un MUR, un MUR qui est là, devant moi, un MUR qui est plus qu’un point, un MUR qui est plus qu’un barrage, ce MUR beige, MUR de bâtisse ancienne au milieu de la ville moderne, MUR emmuré devant mes yeux incrédules de trouver ici, dans cette partie de la ville un MUR et une bâtisse, ainsi qu’un arbre non loin de ce MUR, MUR érigé, MUR bâti, MUR bâtiment, MUR colonne avec une colonne encastrée dedans le MUR, signe de la stratification de pierres et d’architectures, tandis qu’un chien aboie en proximité du MUR et qu’au delà du MUR il y a une autre partie encore de la ville, une partie plus ancienne ou plus moderne, une partie plus ancienne et plus moderne, à travers ses MURS la ville encastre et mélange ses parties anciennes et ses parties modernes qui se superposent à travers les pierres des MURS anciens, à travers les parpaings des MURS modernes et ainsi je suis là et je regarde ce MUR qui commence à me parler, il m’interpelle par un homme-MUR et il me demande si je travaille ici alors que je m’assois ici pour la première fois et que pour la première fois je le vois ce MUR qui est comme un point d’une phrase, il empêche de regarder au-delà, de voir la phrase suivante, étant ce MUR dressé ici devant moi, barrage dans sa splendeur de marbre beige renaissance, son enduit qui ressort comme la peau d’un visage, il est là ce MUR-peau avec ses portes fermées de bastide et pourtant là, avec ses signes de vie et son jardin improvisé, oui certainement improvisé, même si le platane est ici bien ancré et il répond en contrepoint à ce MUR beige renaissance, presque rose, pendant qu’une dame crie en parlant au téléphone et que ce MUR respire ses paroles criées, comme l’arbre doit ressentir le tremblement de mon corps écrivant à ses pieds, peut-être que les racines du platane touchent les fondements du MUR et que les paroles de la dame se mélangent aux mots tremblants de mon écriture à travers ce MUR et ces racines et peut-être que j’écris ainsi sur la peau de ce MUR, que mon écriture l’effleure et s’inscrit sur ce MUR-peau de cette ville-MUR emmurée dans ses certitudes et dans son histoire de pierre et de murailles, j’écris sur ses MURS-peaux, défiant cette histoire de pierre et des MURS, pendant qu’elle m’emmure dedans, dans sa fleur, MUR devant MUR, moi-MUR vis-à-vis de cette ville-MUR, MUR contre MUR, MUR à MUR, MUR-MUR, et là j’aurais besoin d’une pause, d’un MUR dans ces phrases, qui puisse faire barrage au flot de cette écriture alors que mon corps crie étant attaqué par des fourmis ou des moustiques et que je n’arrive plus à rester assise, mon stylo à la main et que j’aimerais aussi m’élever comme ce MUR beige renaissance, debout, devenir autre et maintenant que je suis autre je circule au-delà du MUR, dans la ville ancienne et moderne, en regardant tous ces autres MURS de pierres et de parpaings qui m’entourent comme des points de phrases impossibles à fixer s’évadant dans l’air malgré les MURS, alors que les MURS-PEAUX, les MURS-POINTS, les MURS-PIERRES et les MURS-PARPAINGS restent ici, ancrés dans la ville de plus en plus ancienne, de plus en plus moderne, et moi devant ces MURS-BARRAGES.
Quel beau texte ! Je suis partie du même mot, MUR, et le fait est que j’y perçois quelques échos ; bien que la musique soit différente, y sourd une inquiétude commune…
Merci Laurence, quel plaisir de trouver un commentaire!
J’ai hâte de lire ton/votre texte maintenant.
J’ai un peu changé le final dans une mise à jour que j’ai mis avec l’image, mais du coup maintenant je ne vais plus effacer la première version, sinon je risque de perdre ton/votre commentaire.
A presto,
Anna