MOTUS
Sortir à découvert avec le MOT sur la langue au motif de vouloir communiquer avec toutes les formes pour choisir les bons MOTS, ceux de Molière et des autres, les MOTS d’hier et d’aujourd’hui et bien sûr taire le MOT de Cambronne dans tous ses monologues puis penser à croiser les MOTS sur la grille du temps pour les tordre comme des mollusques afin que les MOTS ne se meurent pas, ne soient pas moribonds et qu’ils restent en bouche pour qu’ils passent avec ce chat dans la gorge afin de laisser le MOT se forger une réputation et rire de lui-même et même se prendre les pieds dans la lettre au motif qu’il est mortel et compose bien des phrases qui se sentiraient totalement vides s’il n’était pas là car le MOT garde le moral et mêle les MOTS du moment avec la dextérité d’un moniteur de monocycle pas mauviette qui travaille avec les MOTS forgés pour des MOTS bien solides qui nous donnent des outils pour comprendre et imaginer le modèle nécessairement à respecter afin d’éliminer le MOT de trop avant qu’il ne vous rende la monnaie, celle du Pape ou d’un autre, ainsi c’est alors que le MOT devient le moteur de modernité au motif qu’il peut faire sa valise et molester l’écrivain qui le tord en tous sens et le modifie à tout va sans modération depuis que le langage lui permet d’exister car le MOT peut être source de moquerie lorsqu’il se module. Certaines fois le MOT est aux ordres de l’écrit lorsqu’un monarque prend le pouvoir. Il vide discrètement le MOT de son sens, modifie ses articles et les idées qu’il trimballe depuis longtemps pour que Le MOT se prenne les pieds dans les fils de l’Histoire, que le MOT libère toutes ses molécules dans des MOTS mordant les modules des monotypes qui font éclater les MOTS qui composent le langage à partager mondialement sur la clé du sol.
Aligner les MOTS pour ne rien dire ou en susurrer à une oreille attentive, dire des MOTS doux, tendres comme des caramels mais pas trop mous car ces MOTS là ont une grande valeur même s’il faut quelquefois les parfaire pour que chaque MOT traduise bien l’idée que l’on veut développer, pour défendre une bonne cause par exemple, le MOT qu’on désire instiller dans un cœur aimé. On a alors envie de crier des MOTS d’amour, d’afficher les MOTS du bonheur pour partager ce moment, d’éviter celui où les mots manquent et en ce cas espérer trouver un Cyrano complice qui arrangerait les MOTS qui touchent et les alignerait sur les pages blanches de notre avenir.
Peut-être reprendre le MOT au vol pour un dialogue de sourds, mordre dans la grammaire pour changer l’ordre des MOTS et enfin partir tel un motard sur le ruban d’asphalte, glisser et terminer en mollesse ou en beauté dans le carnet de moleskine comme dans un motel, avec tous les MOTS à l’abri des regards, les MOTS qui disent modestement que la phrase a un sens, que tous les MOTS ne se valent pas et qu’ils peuvent faire des phrases pleines de MOTS qui rient ou de MOTS qui pleurent, des MOTS qui espèrent des lendemains meilleurs, qui prennent leur destin à pleine main pour le prendre au MOT et MOT à MOT continuer à écrire sans jamais se fatiguer, faire fi des moqueries qu’on entend parce qu’on l’habille de mohair ou qu’on lui offre un moka. Choisir le MOT le plus mobile, comme un môme en cours de récré, qui prendra le pas sur la mode, très mauvaise conseillère pour modeler la langue, et qui ferait construire des mausolées à ses MOTS morts, pour chaque MOT rescapé de l’Histoire qui, telle une moniale consacre sa vie à servir de modèle, chercherait à les momifier pour les graver dans le marbre ou sur la pierre et laisserait ainsi trace du passage de ces MOTS, pyramides éparpillées. Pour l’éviter, Le MOT chausserait des mocassins pour raffermir ses mollets dans sa course éperdue à demeurer dans la bonne liste, celle qui passe le temps sans prendre une ride, qui est atteinte par des changements et même des séismes qui peuvent ébranler le MOT et lui faire changer de sens, il aura perdu le Nord.
Le MOT a mobilisé mon attention et la tienne sans en avoir l’air, le MOT t’a fait oublier un temps tous les maux qui t’accablent ou te réjouissent et tu maugrées quand il tire sa révérence sur le papier mauve qui fleure bon la poésie que tu n’oublies jamais de mobiliser à chaque occasion, sans jamais perdre de vue le MOT de la fin.