Dimanche 11 août. Bouquet de fleurs tête en bas, famille de roses accrochées à la boucle de fer forgé en haut de la bibliothèque contre le mur blanc. Bouquet offert un jour durera toujours, impossible à jeter, même à mettre au compost, même si les fleurs sont fanées. Bouquet gardé conservé pour ralentir le temps, dans la grâce des roses séchées.
Mardi 13 août. Bouquet de fleurs tête en bas, famille de roses accrochées à la boucle de fer forgé en haut de la bibliothèque contre le mur blanc. Bouquet offert un jour durera toujours, impossible à jeter, même à mettre au compost, même si les fleurs sont fanées – même s’il faudra bien finir par s’en séparer, quand les pétales deviendront poussière pour aspirateur – car tout meurt. En attendant, bouquet gardé conservé pour ralentir le temps, dans la grâce des roses séchées. Le mot rose remonte au latin rosa, rosae, substantif féminin qui désignait aussi bien la fleur que le rosier lui-même, employé au figuré comme terme d’affection. Etymologie complexe dont on retiendra que rose et ronce sont apparentés, et pour cause : les épines. Ainsi l’on découvre le pot aux roses, que l’on est sur les roses, que l’on envoie sur les roses, que l’on y est envoyé. Le bouquet de roses séchées au-dessus de ma tête est aussi charmant que possible, romantique et plaisant à l’œil et au cœur tant il revêt de tendresse et de douce mélancolie. Il nous vient du jardin d’un passé nostalgique, à la parfaite désuétude et la senteur poudrée, mais il a des épines.
Mercredi 14 août. Bouquet de roses tête en bas, objet choisi du côté de la fleur, non loin de l’œillet, pour répondre assez sagement à la proposition, et parce que suspendu au-dessus de ma tête, accroché à la boucle de fer forgé en haut de la bibliothèque contre le mur blanc. Ne pas se séparer des choses des roses – reliques. Il faudra bien pourtant quand les pétales deviendront poussière pour aspirateur – car tout meurt – sauf les morts sauf les mots. Je sais pourquoi tout cela, les épines et les ronces sous la douleur la douceur, j’ai découvert le pot aux roses – prévenir la perte, l’oubli – écrire pour adoucir. Au-dessus de ma tête, le bouquet de roses séchées a des épines. Sa veule tendresse lamentablement tournée vers moi contre le meuble en bois me porte au cœur, dégoulinement de guimauve, sucre et miel – Mignonne, allons voir si la – mais circulez, il n’y a plus rien à voir.
Jeudi 15 avril. Bouquet de fleurs tête en bas, famille de roses accrochées à la boucle de fer forgé en haut de la bibliothèque contre le mur blanc, conservé pour ralentir le temps, le mettre sous cloche, avant fin inéluctable, liquidation totale, poussière d’aspirateur. Pour conservation éternelle, envisager des roses en tissu ou plastique (mais c’est moins chic), écrire (prose, poésie – Mignonne, allons voir si la / C’est aujourd’hui dimanche, tiens ma jolie maman…) ou bien peindre.
Samedi 17 avril. Bouquet de fleurs tête en bas, famille de roses fanées séchées accrochées à la boucle de fer forgé, temps suspendu un temps, douces pétales, épines et ronces, mémoire poussière avant passage dans l’aspirateur où tout glisse, morose.
si belles quand elles veulent bien sécher sans trop perdre de pétale et se mettre à sentir un peu la poussière comme le souvenir
douceur tout près de la douleur
merci pour la lecture
Des roses, des choses, des épines, des ronces, oui, comme ça impossibles à jeter… mais une bien belle journée, ce 11 août, pour entamer ce texte !
le jour de ma fête ! 🙂 à défaut de fleurs fraîches, j’ai retrouvé mes roses séchées, et c’était bien comme ça ! merci pour votre message.
2nde lecture toujours en remontant depuis les notes de bas de page – cette fois, bien sur je note « … car tout meurt – sauf les morts, sauf les mots… » et l’aspirateur comme une menace au dessus de souvenirs aussi fragiles que des pétales de roses quand ils ne sont pas en plastique !
Touchée que vous ayez remonté le fil (fragile, comme les souvenirs ou les pétales)