Je pars quelques jours à « la maison de la mer ». Je pars seule avec cahiers, carnets, feuilles noircies et stylos de multiples couleurs. Je libère l’arrivée d’eau, je remets l’électricité. Rituel et Prélude. Je laisse la lenteur s’emparer du corps et de l’esprit. Pas immédiatement. Le quotidien se bat encore quelques heures. J’hume l’horizon bleu, je m’enivre de marche, de bois flotté, de coquillages échoués. Puis j’écris. A peine. Je raccommode, j’assemble, j’étale les feuilles pour trouver leur ordre. Je m’adonne au puzzle. Le lever et le coucher de soleil me distraient. J’ordonne mes idées grâce à l’errance des promenades mais je laisse les feuilles étalées sur le carrelage de la salle sans les ordonner. Le dehors me retient plus que l’ordre du récit.
Je monte à l’étage, dans la chambre de ma fille. Le bureau fait face à la fenêtre, l’horizon est dégagé. Face à moi le cerisier, plus à gauche le lilas et dans le jardin voisin le mimosa et les oies bavardes. Cette pièce est comme un refuge, un perchoir, une cabane dans les arbres. Le temps m’est compté. C’est un prêt de l’espace de quelques heures, quelques jours. Alors j’enclenche un chronomètre. Des tranches de vingt minutes. Et j’écris par petits souffles avant de reprendre le cours de la vie « ordinaire ». L’écriture se fait par sautillements.
Je m’installe au fond du bar sur une chaise inconfortable. Un carnet, un quart de feuille. Je picore les discussions, une phrase, une expression, une attitude. Le brouhaha me protège, m’oblige à entrer en moi-même. J’observe le monde s’agiter, les coups de gueule, les commandes criées au comptoir du pas de la porte. Je me fais transparente et les mots viennent plus facilement que dans le silence et la solitude. C’est ce qu’il se passe parfois. Ce n’est pas toujours ainsi.
« J’hume l’horizon bleu, je m’enivre de marche, de bois flotté, de coquillages échoués. Puis j’écris. A peine. Je raccommode, j’assemble, j’étale les feuilles pour trouver leur ordre. Je m’adonne au puzzle. » […]
Quelle sérénité enviable dans ce chemin de lieux d’écriture ! Bien que je puisse être persuadée qu’il est transposable ailleurs. J’aime bien l’idée d’investir un lieu nouveau avec juste ce qu’il faut de matériel pour écrire et même lire. Merci pour ces « cartes postales » déjà estivales.
c’est bien de te poser en début de cycle d’une façon très réaliste, très proche de ce que tu es… on embraye avec toi !
(j’ai préféré commencer à te lire par le commencement, car j’avais picoré mais trop perdu le fil…)