Juillet. La sieste est terminée. Nous marchons jusqu’à la place, sa petite main dans la mienne. Au passage, un homme âgé pose sa paume sur la tête d’enfant haute comme trois pommes. Elle dit : pourquoi ils me grattent toujours la tête les monsieurs ? Elle prononce le mot comme au singulier et étire la deuxième syllabe. L’air est frais et doux. C’est bête à dire, c’est d’un banal. Il y a un calme, une apesanteur. Le ciel, la mer, la lenteur, la promenade. Cette cordialité des anciens qui posent leur main sur les têtes d’enfants, des automobilistes qui s’arrêtent pour vous laisser traverser au passage clouté. Au centre de la place, après le kiosque à musique, face à la statue de l’empereur, une chose s’impose, une pensée subite : l’idée de rester, de ne plus repartir. Je projette la tête en arrière. Dans le ciel, deux nuages blancs se déplacent, laissent apparaître un éclat de soleil, un scintillement : la possibilité d’une vie ici de l’autre côté de l’eau. J’ai pris cette photo, le ciel, la mer et un bateau, ou deux bateaux, l’un devant l’autre, comme on joue à cache-cache. À gauche, un morceau de ville, des immeubles, les toits des maisons. Et cette large vitrine de dessins animés, de figures d’enfance. C’était il y a des années. Je ne regrette pas, comment pourrais-je regretter. Je me sens loin parfois. C’est la mer, toute cette eau. Quel autre chemin, quel lieu ? Où serais-je aujourd’hui si j’avais le choix pur ? Là ou ailleurs, avec le don d’ubiquité. Mais il y eut un déclic entre la statue et la jetée, sa petite main dans la mienne, l’évidence saisissante, et cette photo pour immortaliser – bateau sur l’eau, avec têtes d’animaux.
sans le moindre (merveilleux) nuage, hein – j’ai pensé à Gênes (où il n’y a pas de statue de l’empereur, certes, mais une de Christophe Colomb, ça compense…) – merci bien (j’adore penser à cette ville)
Et pour cause 🙂 Merci Piero !
Bonjour Claire
Une grande décision qui se prend dans un calme profond. La vie dans ce qu’elle a de mystérieux et pourtant d’évident.
Merci !
Bonjour Fil,
Oui… Merci !
Merci Claire pour ce retour sur la place passegiata. Belles écritures pour Musanostra.
Merci Ugo pour le passage !
Joli, ce présent décrit, vécu de l’instant présent et on apprend que c’est du passé. Comme un tour de passe-passe. Merci, Claire. Beaucoup aimé.
Merci Anne. Contente de te retrouver !