Il me semble que j’en ai toujours eu, celui acheté dans les Pyrénées je crois avec une photo de loup en relief, enfin impression de relief comme ces saintes vierges ou ces aquariums avec les poissons dont on dirait qu’ils vont en sortir, le loup c’était pareil avec une belle spirale et il me semble que je n’y ai jamais écrit un mot. Les cahiers de composition américains, couverture noire et blanche rigide à l’aspect studieux, je m’en suis servi beaucoup pour des cours d’espagnol. Juste à côté de Cervantes il y a une boutique de stylos point plume je leur avais acheté un superbe Caran d’ache jaune qui m’a longtemps servi, je l’ai perdu et remplacé par un roller orange dont je n’aime pas le toucher d’écriture et dont je ne me sers pas. Pourquoi ces stylos très chers, tant de carnets, je suppose que je pensais que j’aurais quelque chose à y écrire un jour … l’attente est longue pour un carnet. C’est drôle que Cervantes vienne quand je parle de carnets ça en valait le coup, chères professeures chères et chers collègues élèves avec qui passer deux ou trois heures par semaine pendant 7 ans a été un plongeon dans un ailleurs culturel réjouissant. — ¿Sabes el apodo de Jose? — Pepe. —¿Sabes porque ? — No —Jose (Joseph) fue un Pater Putativo, PP, entonces Pepe. —¿Y el apodo de Francisco? — Paco ¿porque? — Francisco (de Asis) fue Pater de una Comunidad, Paco. Gracias AA les carnets ont servi à se rappeler ça et le raconter des dizaines de fois, de bonheur de savoir ça dans une langue qui n’est pas mienne. Les plus récents cahier d’écolier arbre et un cahier girafe achetés sous les conseils d’une petite fille, celle de la libraire, à Semur en Auxois, grands cahiers 96 pages recyclées A4 … des papiers faits pour s’écrire … ou pour fixer une ou deux idées qui, sans eux s’en iraient va savoir où. Les carnets sont souvent vides, peu d’idées sont restées. Eux, ces grands cahiers, ils attrapent entre leurs lignes fines les mots que leur donne un beau stylo Lamy tout bleu tout neuf, mots pour les textes de l’atelier et pour un possible livre. Plus que des notes, des essais de rédaction, pleines pages parfois identiques à quelques mots près. La quatrième de couverture me rappelle que, entre autres, 7×12=84. Ils ont vraiment à voir avec la mémoire, avec ce qui reste ces carnets. Noter des pensées plus ou moins fumeuses que faire de moi, aller vers quoi, combiner plaisir du présent, sécurité de l’avenir. Une chose est sûre quand je relis ces notes je me demande suspicieux si c’est bien moi qui ai écrit ça. Comme ce soir devant un reflet dans la glace dont je sais par habitude qu’il me ressemble, je l’ai déjà vu, je me demande si il a une autre existence que cette image lointaine et désincarnée. Un carnet ça sert aussi à ça asseoir le réel, lui donner consistance, résilience et pérennité. Les lignes du carnet ce serait comme un fond du miroir qui capturerait le reflet et lui donnerait chair, miroir noir utilisé par les peintres pour ne garder que l’important d’un paysage, d’un portrait, en accentuer le contraste, outil aussi des voyantes plonger dans le passé capturé pour en déduire un avenir plus libre, espérons.
j’avais hâte de te lire, Bernard, je ne suis pas déçue !
donner consistance au réel, oui, il s’agit bien de ça, aussi !
Passée lire cette traversée, je repars avec « Un carnet ça sert aussi à ça asseoir le réel. » Merci. Belles notes en siège, points de vue, cartes d’orientation ou que savons-nous d’autre à venir ?
Merci pour ton commentaire. Asseoir le réel, c’est un bel objectif, non ?