Ce texte a été mis en voix à l’épisode 2 du podcast poétique La Marcheuse. À retrouver aussi ici.
Froissement d’étoffe qui accompagne la tentative d’enfouissement, chercher l’enfer sous le plancher, pellicule infime qui retient un feu d’énergie qui te consumerait peut-être, le corps est un groin qui renifle, en quête de la faille vers la source, qui répond à un besoin impérieux primitif, sursexuel, la pulpe des doigts suit le courant des veines du bois, lecture en braille du livre, dernière facétie d’un arbre découpé en tranches qui n’a pas renoncé à transmettre sa matière vivante, son grand secret volé à sa terre d’origine, à ton dos serpent qui revit son animalité, avec autour de lui tes membres comme une rose des vents, la jambe qui indique le Sud, la tête l’Est, un bras connecté à ton étoile là-haut là-haut, un battement enfle en toi, le cœur graine du centre de la terre qui n’en finit pas de naître, le souffle connecté à la lente respiration du bois et de la terre au-dessous, de la ville gruyère tout autour qui palpite, incolore, ton corps est un pont en recherche d’un grand tout dont ton âme est encore étrangère, observatrice au bord de la rivière du grand flux, ton corps n’en finit pas d’embrasser la gravité, de chercher une assimilation qui ouvrirait un ciel de joie, d’infini, tu te tortilles gênée par le tissu qui te cache, des yeux s’ouvrent en toi dans le contact avec le sol, ainsi qu’un soleil éblouissant dans cette rencontre toujours en mouvement, rencontre dont tu ne pourras plus très bien te rappeler, après, car elle a convoqué dans un même déploiement ta grand-mère et ta fille, des souvenirs de riz tassé dans un bol et de cheval en plâtre, la joie et la sidération, tu tentes de t’extraire du sol en acceptant ton poids, bébé-ne-sait-pas-se-relever, tu l’as malicieusement répété en atelier moultes et moultes fois, accepte les appuis qui te sont donnés, une hanche, un talon, une épaule, il te faut t’auto-extraire du sol, tu es la noyée et la main qui te soulève, le poids et une force immense en opposition, l’ombre, le personnage et leur soleil, il te faut quitter le sol et te dresser, le mouvement s’engage malgré toi, c’est un regret un arrachement tragique une entrée dans l’histoire, la graine explose, la vie va, tu danses, peut-être
me renvoie à une chanson de Marquis de Sade « Conrad Veigt danse » et de l’émotion et le vertige aussi d’Hamlet Machine.
Oh je ne connais pas la chanson je vais regarder merci Guy 😊