#mardis #06 | trainitudes


(Je suis dans un train, la connexion saute régulièrement et j’écris avec mes deux pouces sur mon portable. Je viens de voir aussi que je n’arrive pas à envoyer de messages. Si je n’arrive pas à régler ce problème, mon texte restera dans mon téléphone…) Une robe avance dans la rue (je me rappelle, c’est en lisant un livre de François Bon que je me suis mis à écrire ces lignes. C’était au début de L’enterrement, « …une robe empesée qui semblait se mouvoir en avant d’elle et la tirer… ») C’est une robe à fleurs en tissu léger qui ne convient guère au temps pluvieux qu’il fait (j’ai écrit ce texte sur mon téléphone portable il y a trois jours. C’est le seul texte que j’ai sous la main, assis dans mon siège de TGV Inoui). Une robe avance sur le trottoir avec le corps d’une jeune femme dedans (écrire sur un clavier de téléphone a quelque chose de décérébrant. Ma pensée n’arrive pas à se focaliser sur ce que je veux écrire. Je ne suis pas de ces gens sans doute plus jeunes qui parviennent à livrer leurs pensées avec deux pouces). Le tissu fleuri plane au-dessus du goudron humide (je me lève parce que ma voisine veut aller aux toilettes. Je suis assis côté couloir dans le sens inverse de la marche. Ce dernier détail n’a aucun rapport avec le fait que je me lève). La robe avance vite et oblige la femme qui l’occupe à accélérer le pas, comme si elle était pressée (en général, me dis-je, une robe pressée est une robe qui sort du pressing. Je dis ça mais c’est bien la preuve que l’écriture sur un clavier de téléphone a quelque chose de décérébrant). Elle ondule et s’enroule autour des jambes de cette jeune femme chaque fois que ses pieds quittent le sol (j’ai de la chance, l’ambiance est plutôt calme dans mon train. Pas de mioche qui hurle ni de règlement de compte au téléphone). Sous elle, des chaussures bondissent l’une après l’autre, emportant chaque pied à tour de rôle (j’écris ça alors que je suis immobilisé sur mon siège. C’est presque de la science-fiction). Ce sont des escarpins en cuir rouge avec des talons hauts qui ne conviennent pas au temps qu’il fait (un vaisseau spatial en forme d’escarpin ?)

A propos de JLuc Chovelon

Prof pendant une dizaine d'années, journaliste durant près de vingt ans, auteur d'une paire de livres, essais plutôt que romans. En pleine évolution vers un autre type d'écritures. Cheminement personnel, divagations exploratives, explorations divaguantes à l'ombre du triptyque humour-poésie-fantastique. Dans le désordre.

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