#mardis #04 | la traverse

Fuir la ville, son centre, files de voitures, feux tricolores, bruit des Klaxons, des démarrages, accélérations, freinages, des enfilades de devantures, magasins de chaussures, de vêtements, de maquillage, maroquinerie, pâtisserie, bijoutier, l’avenue est plus large, bureau de poste, collège, feux tricolores, croisement, banque, fleuriste, banque, garagiste, quitter les grands axes, quartier populaire, rues étroites, circulation à sens unique, les feux tricolores ont disparu, restent les panneaux stop, les céder-le-passage, les passages piétons peints sur la chaussée, les devantures se raréfient, s’intercalent des immeubles d’habitation, école, église, boulangerie encore, presse, bar, traverser un lotissement, villas avec jardin, arrêt d’autobus, des impasses, des rues larges, des villas à un étage, quelques rez-de-chaussée, une école encore, un pâté d’immeubles, peu nombreux, ni poste, ni boulangerie à l’horizon, ni boucherie, ni centre médical, la circulation est rare, les pavillons vides pour la plupart à cette heure de l’après-midi, des rues vides, on ne croise aucun piéton, on ne se déplace pas à pied ici, pour aller où, pour faire quoi, pour parler à qui, ici on dort, ici on jardine le dimanche, on tond la pelouse, on arrose ses géraniums, quitter le lotissement, couper l’ancienne route nationale, étroite, bordée de platanes, un garage avec dépanneuse, traverser un autre lotissement, petit, reculé, déjà des taillis, des ronciers avec mûres à cueillir, des terrains vagues où l’on vient faire du moto-cross, prendre la route étroite, la traverse, ici commence la traverse,  pas de trottoir, pas de tracé au sol, route étroite, entre deux profonds fossés, le centre marqué par de la terre et de l’herbe, là où ne passent pas les roues, là où la campagne dresse la tête, s’annonce, comme avec ces fossés, ces fossés et ces vignes, ces vignes et ces roseaux, ces roseaux et ces amandiers, on voit loin maintenant, on suit la traverse, la traverse au sol bombé, la traverse qui épouse la terre, la traverse qui de la terre recouvre le goudron, on avance et on aperçoit au loin une cabane, et plus loin  une autre à la toiture démolie, on apercevra sans doute une buse, croisera peut-être un lapin, on voit le ciel, immense. 

A propos de Betty Gomez

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