Il m’avait demandé l’accompagner, une envie de prendre l’air, de voir du monde. Je
l’avais aidé à descendre les escaliers, il s’était appuyé sur moi. J’avais effectué avant
un premier voyage pour descendre le déambulateur. On avait longé la rue jusqu’au
rond-point de la boulangerie, puis on avait traversé, et comme il se sentait bien, nous
avions longé le canal jusqu’au pont suivant que nous avions pris, le trottoir était
étroit, il s’était mis d’autorité sur la chaussée de peur de tombé, les conducteurs
râlaient derrière nous, virage à gauche, le trottoir n’était plus présent que sur un des
deux côtés de la rue, du côté de la voie ferrée il n’avait qu’une bordure, première
intersection d’une rue venant de la droite, sans passage piéton, un simple laissé le
passage pour la voiture, on a continué, le trottoir a perdu en largeur, il ne faisait plus
que cinquante centimètres, il est descendu sur la route, malgré mon avis, deuxième
intersection identique à la première, une voiture est arrivée, qui est prioritaire, le
piéton sans passage protégé ou la voiture, cochez la case de votre choix, et dix
mètres plus loin, plus de trottoir, une simple bande d’herbe nous séparait d’un fossé,
la ville n’existait plus pour lui, ici il prenait des risques.
Les villes finissent pour les vieux bipèdes à roulettes, quand les rues qui les
traversent deviennent des routes départementales, ou que le boulevard devient une
nationale à deux voies, ici la voiture règne, la vitesse limite change, le cycliste, le
piéton sont tolérés, c’est certainement une revanche des voitures que l’on a
chassées de nos villes.