les mardis #04 | Sentiers péri-urbains

Nos pas sur les chemins changeants des paysages périphériques à la ville de Paris, aux abords de la Seine et Marne et du département du 93. Nos pas nous mènent depuis l’aube, entre forêts et sols bitumés, haies à franchir et autoroutes à traverser, à toute allure, pour ne pas se faire renverser. Nos pas tracent des empreintes, explorent des recoins inconnus, marchent, où personne ne se fraie. L’agence des Sentiers, tel est le nom de ceux qui nous emmènent, à la découverte des interstices de la périphérie urbaine. Supermarchés, champs, décharges en forêt, pavillons en raquettes et kilomètres à franchir se dessinent sous nos yeux. Parfois, une pause, juste le temps d’une photo, un graffiti magnifique sous un pont, une herbe sortant du béton, une flaque immense où se reflète une maison, un arbre tombé non loin d’un chantier et sa pelleteuse. Nos pas sont fatigués mais le soleil est haut et nous devons tenir jusqu’à la nuit. Soudain, comme sortie de nulle part, une prairie, non pas verdoyante, plutôt rase, presque jaune, terreuse, des brins d’herbe éparpillés. Juste au-dessus, un pont sur lequel passe à intervalles réguliers, un train TGV et non loin de là, une bretelle d’autoroute. A notre droite, une roulotte, à gauche, une sorte de jardin potager et à quelques pas de nous, une jeune femme s’avance, entourée de deux grands cochons noirs, Napoléon et Mesrine, ses deux gardes du corps, comme elle nous les présente. Rêvons-nous ? Non. Entre le rythme effréné des voitures, le grondement du train, les champs de betteraves et de colza, elle vit, là, lentement. Jour après jour, elle étudie les sols, les plantations, note et tente de démontrer qu’il est certainement possible de faire pousser quelque nature au beau milieu de cette ancienne décharge.

A propos de Clarence Massiani

J'entre au théâtre dès l'adolescence afin de me donner la parole et dire celle des autres. Je m'aventure au cinéma et à la télévision puis explore l'art de la narration et du collectage de la parole- Depuis 25 ans, je donne corps et voix à tous ces mots à travers des performances, spectacles et écritures littéraires. Publie dans la revue Nectart N°11 en juin 2020 : "l'art de collecter la parole et de rendre visible les invisibles" voir : Cairn, Nectart et son site clarencemassiani.com.

Un commentaire à propos de “les mardis #04 | Sentiers péri-urbains”

  1. Texte magnifique Clarence , on te suit. Mais quelle occasion d écrire cela de partager cette expérience… Ces présences animales et puis cette femme juste là pour comprendre et aider ce monde « d à côté  » à exister . Merci

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