Qu’est-ce qui s’ancre dans la mémoire quand on a dormi dans une chambre ? Le plus souvent, chez moi, la fixation se fait sur un point particulier d’attention (une sorte de punctum photographique) qui engendre un sentiment de malaise. Dormir ailleurs que dans ma chambre, sortir de l’espace quotidien, est toujours une expérience d’inquiétante étrangeté. Je cherche le fragment de lieu, le point du décor qui désorganise tout le reste, je cherche à expliquer l’expérience de défamiliarisation :
- la chambre d’étudiante à Montréal, le tuyau (d’aération, d’évacuation ?) qui traversait le plafond au-dessus de ma tête
- la chambre dans le jardin de la maison de vacances d’Arcachon, le tableau qu’il avait fallu retourner (qu’est-ce que ce visage avait de si effrayant ? est-ce que ce n’était pas les couleurs criardes qui blessaient le regard ?)
- le salon de ma tante à Lorient, le chat qui grattait à la porte toute la nuit…
- la chambre d’enfant chez ma grand-mère en Charente, les Mickeys sur le papier peint qui continuaient à faire signe la lumière éteinte (et ce personnage avec un pantalon vert fluo, un problème de couleur encore ?)
Cet inventaire est à poursuivre, il révèle déjà l’importance des formes et des couleurs, l’inquiétude liée aux bruits.
Merci pour ce texte, du coup en le lisant, je me suis questionné sur mes propres expériences ainsi que « sur ce tableau qu’il a fallu retourner »…