LVME#O4/ Sols et murs


Au sol, carrelage de damier blanc régulier, parfois piqueté d’éclats noirs, surface endommagée, prolongée par des murs autrefois blancs, qui ont jauni sous le coup des années et des cigarettes.

Peinture bleue roi, faite à la va-vite, les plaintes ont parfois été oubliées, déborde par endroits sur le parquet aux lattes régulières, bois ancien et foncé qui recouvre tout l’escalier central de l’immeuble.

Il y a des damiers presque méditerranéens sur le sol, couleurs joyeuses et chamarrées, quand les murs sont de grands aplats rouges ou noirs, alternance selon les angles et les surfaces, parsemées d’expressions en alsacien intraduisibles ou si peu en français, le sens parfois s’échappe.

Les murs sont couverts de tableaux, contraste avec le sol blanc qui reflète la lumière, carrelage mal assorti aux teintes prunes et ocres des murs du restaurant.

Quand on ouvre la porte, attention de ne pas se prendre les pieds dans le lino qui se décolle au sol et dont les plis viennent recouvrir les plaintes, bandes de tissus coupées trop larges et mal fixées, quand les murs gardent trace d’un ancien papier peint décollé au dernier déménagement et qu’on n’a pas encore recouvert de peinture fraîche.

Peinture bleue et traces noires au dessus du radiateur, marque des cadres qui sont venus un jour orner la pièce étroite, et dont les vestiges s’inscrivent sur les murs vieillis, quand le sol recouvert de carrelage blanc garde une impression de fraicheur et de netteté.

Tapis en fibres de coco, ou autres matières naturelles, recouvrent presque entièrement la pièce de parquets flottants aux tons bruns et jaunes, murs blancs dont les lumières indirectes le soir venu viennent projeter des ombres et des figures géométriques qui redessinent la pièce.

Sol de lino gris, murs blancs, aucun ornement, salle polyvalente multifonctions, dont personne ne s’est vraiment approprié l’usage.

Sac de millet éclaté au sol, les graines fines se mélangent au bitume et inondent le trottoir jusqu’à la porte du magasin, façades couvertes de photographies de coiffures et de publicités pour l’extension des cheveux.

Carrelage à la couleur imprécise piétiné par des milliers de corps affamés qui font les cent pas devant le présentoir, murs blancs où s’affichent les médailles et les récompenses, meilleur artisan boulanger de l’année 2015.

Sol aux larges carreaux gris prolongé d’une moquette épaisse lorsqu’on monte dans les étages, murs aux couleurs pop, design urbain et graffiti qui s’affiche jusque dans les chambres, dans les creux des rêves.

Ici tout est blanc, focntionnel, et très vite sale. Le sol, les murs, et même les tables rangées les unes derrière les autres. Seule touche de couleur la carte posée sur chacune d’elle.

Lino noir, murs chargées de tissus, si bien qu’on ne sait plus de quelle couleur étaient les murs avant.

Moquette beige qui recouvre un vieux parquet, confort des années 80, quand au sol la peinture blanche a vieilli et s’effrite par plaques.

A propos de Céline Bernard

Céline Bernard écrit principalement pour le théâtre, et assez souvent pour les adolescents. Elle a publié aux éditions Théâtrales jeunesse Anissa/ Fragments (février 2019), Demain et Les moineaux, paru au sein de l'ouvrage collectif Divers-Cités (octobre 2016), et une nouvelle, J'ai payé pour ça, au sein d'un recueil collectif aux éditions La Passe du Vent (2009).

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