Nathalie de Nice travaille comme assistante au cabinet du docteur Denis. Elle reçoit les patients, rédige le dossier médical, fait les premiers soins quand c’est nécessaire.
Bien souvent, elle remet en ordre la salle d’attente avant leur arrivée. Elle commence par arroser les plantes du long bac central qui crée une sorte de séparation, entre les patients assis de part et d’autres de cette pièce rectangulaire entièrement carrelée de mosaïque mauresque couleur orangé et turquoise. Les plantes grasses gorgées d’eau, plantées depuis des années, rafraîchissent la pièce quelle que soit l’ heure de la journée.
Tout le monde se tient assis, là, silencieusement, respectueusement, attendant sagement son tour. Ce docteur Denis est le seul pour une ville entière , il est si gentil, le seul à être rester entre l’aridité du climat et sa chaleur étouffante. Nathalie pense encore aux yeux des mères, si reconnaissantes qui ne cessent de remercier le Docteur en quittant le cabinet, balbutiant des bénédictions en arabe…Elle remet en place la pile de quelques BD où trainent les vieux Tintins du docteur.
Docteur Denis ne fait pas de différence entre un enfant d’expat et un petit du bled. Les fièvres et les maladies ne font pas de tri.
Nathalie entre ensuite dans le cabinet. Le carrelage a changé : il est complètement blanc avec juste une frise bleue à mi-hauteur du mur. Au sol , un dallage irrégulier en marbre seule richesse cet ensemble reconstruit à la va-vite après le tremblement de terre. D’un côté, la table d’auscultation en skaî verdâtre usé dans ses angles, et de l’autre un vieil appareil à d’écho-radiographie qui date des années soixante-dix ; il est séparé par un muret qui doit isolé, des ondes… à priori. Le docteur est content d’avoir acheté cet appareil grâce à qui, il a pu sauver bien des vies, même si, aujourd’hui, il ressemble à une pièce de musée. Le docteur, aussi, est âgé maintenant, mais il ne veut pas quitté ses patients et qui le remplacerait… Il attend la nouvelle génération de médecins marocains qui arrivent mais , encore , faut-il qu’un seul, soit intéressé pour venir travailler ici dans ce quartier de la ville , extrêmement pauvre et laisser à l’abandon par les autorités administratives.
