Le comte 0’Mahony (noblesse d’ancien régime) qui posséda la combe où est construit le lotissement des musiciens. Sa seconde épouse y accoucha de son seizième enfant, la troisième lui en fit encore trois portant à dix-neuf l’effectif de sa progéniture. Il mourut à Lyon, car les bourgeois ne vivaient là que l’été.
La famille Mayet, Catherine, Victor les parents, Johanna, Emeline, Nadia et Martial leurs enfants qui habitent rue Mozart, une maison dans la pente dont le talus s’éboule depuis la surélévation de la maison, malgré un enrochement de blocs de béton de 2 tonnes qui viennent d’être posés. Catherine est coach en développement personnel et gestionnaire d’une entreprise de locations de terrains. Johanna master en écopolitique a bénéficié d’un stage de 6 mois auprès de l’adjoint environnement de la commune. Elle a fait des photos d’oiseaux de nos jardins.
Juste au-dessus la famille Desnos, rue Mozart aussi, dont la piscine s’est effondrée avec ses palmiers et sa belle rambarde en aluminium brossé sur le chemin piétonnier qui coupe dans le sens de la pente les méandres de la rue Mozart. C’est réparé jusqu’aux prochaines intempéries.
La baronne Fleurdelix (anoblie sous la restauration) qui posséda le domaine où fut construit le lotissement de Bois Dieu et y vécut jusqu’à 100ans. La forêt aujourd’hui abrite des hardes de sangliers qui labourent les jardins des habitants. Le dernier défenseur de sa mémoire vivante (et de sa tombe dans l’ancien cimetière) vient de mourir.
Jérémy Caujolle et ses enfants qui prétendent nettoyer ladite forêt de ses détritus, ont créé un compte Instagram, « les nettoyeurs du dimanche » et nettoient encore la nature en vacances de Noël à Tenerife.
Madame Vincent, épouse d’un ancien technico-commercial d’ Eternit. Très active à la bibliothèque (l’heure du conte), à l’aumônerie (aide aux devoirs) et pour l’environnement (fait partie de l’ssociation de défense de l’environnement qui a organisé cet automne un planter de jonquilles et de la commission culture)
Monsieur Godefroy, ancien géomètre et candidat malheureux à la mairie, issu d’une vieille famille du village qui connaît tous les transferts fonciers depuis un demi-siècle et vous retrouve sans aucun logiciel cadastral le nom des propriétaires actuels. Sa fille a épousé le géomètre qui a pris sa succession et exerce comme directrice d’un hopital de Lyon.
Madame Orsenna, ophtalmologue et photographe, spécialiste des opérations de la cataracte. Divorcée du neurologue dont elle a eu trois enfants au moment de son cancer du sein.
Monsieur Jourdan qui habite Quincieux et collectionne les petits boulots comme l’entretien des piscines. Nombreuses.
Monsieur Lampin , l’agent immobilier (un des nombreux agents immobiliers) qui a son panneau publicitaire à l’entrée du village (4×3). Adepte du tap-tap et de la pige, mais aussi du réseautage. C’est la raison pour laquelle il est entré au conseil municipal avec des projets politiques de plus grande ampleur. Ne vient jamais aux réunions du conseil.
Monsieur Bernard, un autre conseiller municipal, qui a rasé la forêt de Monvallon après l’avoir achetée aux héritiers du comte O’Mahony qui l’avait plantée. Puis ensuite a prétendu la revendre à la municipalité. C’est en grande pente et classé, mais tout est possible en matière d’urbanisme quand on respecte la loi (la lettre pas l’esprit). A beaucoup insisté sur les difficultés qu’il avait eues à retrouver tous les héritiers dispersés dans le monde entier, particularité propre à cette famille dès le temps des colonies.
Mmes Chaffange et Goupilleau toutes deux filles d’anciens maires du village qui habitent aux deux confins du territoire, mais se retrouvent à l’église. Madame Goupilleau en est une sorte de sacristine et Madame Chaffange est passionnée par l’égyptologie.
Madame l’élue à la culture et au patrimoine (Martha pour les intimes) et ses voisins, Mme Vellard dont la fille a fait un doctorat en arts anciens et Monsieur Partdelune qui habite une maison dite bulle dont il est très fier et ne rechigne pas à expliquer que ses ancêtres furent propriétaires d’esclaves en Haïti et indemnisés comme tels lors de l’indépendance. Ces trois-là habitent des maisons très isolées loin du bourg, se savent voisins, mais ne se fréquentent pas.
La famille Desplats dont le jardin est détruit par les sangliers (y compris après la pose de barrières en dur) et se plaint de l’immobilisme de la municipalité.
Estelle Puygarin qui raconte sa vie sur facebook et correspond avec Mme Lwoff par hasard. a quité le village depuis bien des années et vit dans la Drôme. Marcel Dubourg son ex vit désormais avec l’esthéticienne que Mme Lwoff ne connaît pas.
La famille Pinet, aux nombreuses ramifications, famille paysanne présente depuis des siècles, possédant des terres qu’elle vend peu à peu. Très investie dans la vie associative du village (sport et chorale)
Mona El Khomsi qui porte le voile, récente arrivante dans les logements sociaux qui a le verbe haut et ses enfants à l’école du village. On ne connaît pas le papa.
Madame Combe et sa collègue Madame Duchemin, nounous de leur état, que vous pouvez rencontrer devant l’école ou près des jeux d’enfants avec leurs poussettes et leurs enfants tenus à la main. Ont élevé des générations.
Monsieur Palicaud, pharmacien de père en fils, qui s’inquiète de la disparition du dernier médecin du village et en fait part dans le journal local.
Ernest, hébergé depuis peu de temps dans la maison d’habitat et humanisme, qui fait scandale en faisant la manche sous le distributeur automatique d’argent qui jouxte le Vival, avec toujours une canette à la main.
Paul Damour et Paul Bunand, deux vieux paysans célibataires, mémoire du village qui avaient tous les deux fait l’Algérie et viennent de déménager pour la maison de retraite. Le premier y exerce ses talents de peintre mis en sommeil depuis l’école primaire; la directrice de la maison de retraite lui a organisé une exposition.
Les morts, tous les morts, de la dernière bataille de Napoléon, de 14-18, de la résistance aux Allemands en 40, les fusillés de 44, de la libération et même le mort de la guerre d’Algérie… dont les enfants des écoles ânonnent les noms le 11 novembre et le 8 mai (pas seulement les noms étrangers des tirailleurs sénégalais ou des prisonniers de Montlouis)
Natacha Bertaud, actrice après avoir été longtemps gestionnaire de spectacle. a vécu son enfance et son adolescence au village, y a rencontré le théâtre à l’occasion d’une animation associative, monte désormais son premier spectacle (seule en scène) autour de la détestation de ce village et des territoires qu’elle a quittés pour Paris, enfin.
Augustin, Florian et Lilian pratiquent l’aïkido dans le club du village, vivent encore chez leurs parents, mais fréquentent désormais des collèges plus éloignés (privés).
Monsieur Dauvergne, correspondant de la PQR, modeste ne se prenant pas pour un journaliste et relatant en texte et photos les événements du village.
Amélie Paternote, artiste vivante, qui ne connaît personne dans le village et que personne ne connaît, mais expose à l’international. Habite une vieille maison du bourg dont elle est propriétaire.
Matteo, le facteur aussi pompier volontaire comme son grand-père qui espère passer pompier professionnel, mais a raté le dernier concours. va manger avec son grand-père tous les midis où sa tournée se fait dans le village; habite avec sa mère, voit son père restaurateur à Lyon.
La comédie humaine, l’auteur n’en a pas le souffle. Pourtant comment rendre la singularité de ces destinées sans s’approcher un peu de chacune et de chacun embarqués pour un temps dans une communauté de lieu ? Ils ne sont guère plus nombreux que les croisiéristes d’un géant des mers, ne font pas plus société et pourtant élisent tous les six ans un exécutif commun censé les représenter.
comme on en sait déjà sur tous (me repends de ma liste sèche.. aurais dû vous lire avant)
bravo de les avoir campés ainsi avec une éco,omie qui réserve un sens
Merci Brigitte et meilleurs voeux pour la nouvelle année. Il est vrai que je creuse le même sillon. 2025 sera-t-elle l année de la publication ?
Très réussi avec la conclusion aussi. Et tenir sur une telle longueur § Bravo et merci, Danièle.