Au bout de l’impasse des Etangs, il y a donc la maison de Monsieur et Madame Devie. La cuisine se trouve au rez-de-chaussée, côté sud. Si Karine Devie, fille de nos héros du jour, décrivait la cuisine de ses parents, elle se contenterait peut-être de dire : elle est crade. Point de vue que je ne partage que partiellement, et que je compléterai par quelques observations :
– La cuisine de Monsieur et Madame Devie est lumineuse. Elle offre une vue imprenable sur la vallée de la B. et, tout droit en face, le village de S., agglutiné autour de son église.
– La cuisine de Monsieur et Madame Devie privilégie les couleurs claires et naturelles, à l’exception de la table couverte d’une nappe de plastique rouge gai. Madame Devie aime la nature et la gaîté.
– La cuisine de Monsieur et Madame Devie dispose depuis peu d’un carrelage. Avant, c’était du liège. (Ne mettez jamais de liège sur le sol de votre cuisine, c’est joli deux mois et puis ça devient dégueu). Depuis que le carrelage a remplacé le liège, la jolie vaisselle en céramique de Monsieur et Madame Devie rétrécit à vue d’oeil. Monsieur Devie, pour détendre l’atmosphère, dit en plaisantant qu’il faudra tout remplacer par du plastique. Madame Devie reste de marbre : elle tenait beaucoup à sa vaisselle en céramique (Madame Devie est une esthète. Monsieur Devie, lui, s’en fout).
– Autour de la table de la cuisine, les chaises de Monsieur et Madame Devie ne se font pas face : Madame Devie regarde vers l’est, Monsieur Devie regarde le sud. C’est pour éviter les confrontations trop directes, m’a dit récemment Monsieur Devie. Je veux pouvoir saler mes pâtes sans me faire rationner.
Dans la cuisine de Monsieur et Madame Devie, on ne rigole pas tous les jours.