Ils sont deux le plus souvent pour le tap-tap dans le lotissement ; à deux c’est plus facile de frapper aux portes, on a moins peur, on vit moins mal le refus, on s’ennuie moins, on peut même rigoler.
« Vendre votre maison, y avez-vous pensé ? avez-vous de projets ? » C’est peut-être plus difficile à dire que « votre toit n’aurait-il pas besoin d’un démoussage ? » « Pensez-vous changer vos fenêtres dans un avenir proche ? » « Nous sommes là pour l’élagage » « Rencontrer Jésus, c’est possible ». C’est cela le démarchage physique à l’air du numérique. Le contact personnel avec le client potentiel.
Etranges étrangers qui sonnent à toutes les portes, bravant la méfiance. À deux, bien habillé(e)s, avec la petite mallette qui contient les cartes de visite et les flyers, cela peut même être agréable s’il fait beau. 7000 pas par jour garantis. Le moment est rude, le marché en berne, la concurrence féroce pour décrocher le mandat ou obtenir des informations. Mais tout se vend, tout s’achète, les maisons et les familles comme les plantes ont un cycle de vie. De il faut bien loger les enfants à il faut bien vendre quand on part en maison de retraite, c’est imparable même en période de crise. Sans compter les divorces, gros pourvoyeurs d’affaires. L’agent immobilier est là pour ça. Il humanise le processus.
Et ça marche, parfois. Ce lotissement vieillissant est une mine où l’agent immobilier cherche les pépites. Quarante ans, c’est déjà long pour un cycle de vie, mais le quartier a su garder les attraits d’une école primaire dédiée et d’équipements collectifs. Sans compter le château et le bois, restes conservés du domaine bourgeois sur lequel il a été bâti. L’agent immobilier se décourage parfois après une journée sans contact, mais la glane en vaut la peine 10 % d’une maison à un demi-million ça motive.