#LVME #01 | Un jour, une heure

Quel jour ? quelle heure ? Dans le salon, grande pièce à l’ancienne, haut plafond blanc orné de rosaces, le salon est à l’image d’une boutique d’antiquités, avec son vieux canapé garni d’un velours rouge, le guéridon en bois foncé, le lustre en céramique avec ses cloches en verre. Le chat allongé est blotti sur le canapé, contre le coussin moelleux, le piano posé en face, le tabouret à roulettes recouvert lui aussi d’un velours rouge, elle assise, joue, les notes résonnent à travers les étages.

Quel jour ? quelle heure ? dans leur cuisine, ils s’affairent, lui coupe les légumes, elle étale la pâte, ils discutent de leur avenir, John Coltrane en arrière fond.

Quel jour ? quelle heure ? un intérieur vide, est elle en répétition ? chez des amis ? au théâtre ?

Quel jour ? quelle heure ? Lui prépare son prochain spectacle, les notes se bousculent dans sa tête, elle s’affaire, range, trie, nettoie, frotte, ouvre la porte du couloir et continue à passer la serpillière dans les communs, descendant chaque marche jusqu’au rez-de-chaussée

Quel jour ? quelle heure ? elle compose le dernier morceau de son prochain album, dans son petit studio sous les toits elle frissonne, sa voisine tape contre la porte avec son balai brosse, elle s’arrête un instant, regarde la neige posée sur le rebord de sa fenêtre et imagine que peut être elle aura la chance de se produire en première partie dans ce lieu emblématique de la ville.

22 novembre 1993, vingt trois heures, sous le toit, elle a allaité son premier né, dehors la neige est tombée toute la journée, elle est seule, son compagnon est parti quelques jours, son nouveau né dans les bras, face à la fenêtre, elle regarde la neige tomber à nouveau, elle écoute le silence et pleure

A propos de Caroline Burgy

Lire, écrire, faire écrire, trois mots, marqueurs de ma vie, animatrice d'ateliers d'écriture, ils ont jalonné ma vie depuis quelques années, des rencontres avec quelques passeurs m’ont donné l’occasion de soutenir cette place avec les autres. Marguerite Duras écrivait "l'écriture c'est l'inconnu. Avant d'écrire on ne sait pas ce qu'on va écrire..." sans doute suis je portée par cette part d'inconnu à découvrir au fil du temps...

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