il y a trois costumes dans l’armoire et l’alignement de chemises blanches identiques, du prêt à porter à étiquette brodée, mécaniquement certes, mais brodée : un cheval, made in Taïwan ; ce cheval dans le rêve de la femme du quatrième étage, de robe blanche couché dans la neige, parfois le rêve déborde comme du lait ; il y a les chaussures noires montantes – et la mort d’un cheval –, juste au-dessus de la malléole – moi je ne peux pas en porter, ça me coupe la cheville -, à lacets, cirées, impeccables et serrées tête bêches sur toute la largeur du placard – il faudra l’abattre –, on dénombre dix paires; il y a le portefeuille en cuir fauve rangé dans le tiroir de la table qui fait bureau; les deux tasses imprimées Night and Day posées dessus : c’est simple comme bonjour/bonsoir; combien de tasses, de mug, d’assiettes avec impression ou peintes ; combien d’images aimantés aux portes des réfrigérateurs : ici le regard oblique de la fille au turban, là une vache rit; combien de cartes postales; de cadres; de photos de mariage; d’affiches de … Il y a cette vue de Naples lenticulaire rapportée d’un voyage, c’était dans les années cinquante, un amour fou, le ciel doré, la ville en plongée : c’est quoi un amour fou qui meurt ; il y a , deux étages plus bas, cette carte du monde avec des croix en X et en T pour se souvenir pour projeter pour croire ? Deux étages plus haut, des post-it en chemin de fer sur le mur ; il y a des lettres dans leur boites; celle qui est dépliée sur le lit il faudrait pouvoir la déchiffrer, elle aurait pu la réciter de mémoire mais c’est trop tard ; il y a ces dessins au feutre sur le mur d’un salon où jouent des enfants, hommes/femmes têtards à face de lune et des images brûlent sur l’écran d’un téléviseur xxL ; Il y a cette photographie au fond d’un placard, un portrait posé , son visage jauni , le col du corsage, sa dentelle, les fleurs de la robe : c’est une très jeune fille disparue , c’est son visage garant de tous les autres, et la cendre ; combien de traces involontaires, de taches, de déjections ; il y a un calendrier avec des chiots dans une panière (combien de chiens, de chats dénombrés) ; des traces de café et des empreintes seront prélevées, des cheveux sur la brosse comparés à ceux du crâne de la victime ; il y avait une assiette et des couverts dans l’égouttoir ; il y avait le nom sur le passeport, les dates, la date d’expiration passée de quelques mois, celle de naissance 11/02/1985; celle du vingt janvier 1939; il y a Noirmoutier écrit quelque part ; et Paris avec l’arrondissement en chiffres romains ; et Tiraspol sur un timbre; il y a une photographie d’identité : cheveux courts, front et pommettes hautes, yeux enfoncés, lèvres fines ; il y a son visage comme un commencement d’histoire: qui sait le vrai de, et si pourquoi, qui sait l’histoire ; il y a le mot VICTIME du rapport ( Monsieur et Madame Time ont un fils ) ; il y a que le capitaine des pompiers a des cicatrices et deux phalanges en moins à la main gauche ; il y a le lit défait, les deux draps, l’oreiller par terre : il fait si chaud ; il y avait dira-t-elle plus tard, un tableau accroché au mur, une peinture large comme – en étendant les bras la femme montre – oui elle le connaissait–, la femme baisse son masque, des mèches glissent de dessous son foulard, le visage de la femme qui a vu le tableau dans le studio de l’homme qui a enjambé le balcon pour se jeter dans la cour apporte sa douceur, elle sourit, au cou de la femme une chainette et le prénom : Sidra ; un paysage se souvient la femme, vide, avec une tache jaune – dans le rêve un paysage se souvient : c’est un cheval qui meurt ; il a y cette grande tache jaune qui aurait pu être un champ ne reste que sa trace ou son absence sur le mur ; il y a ce corps face contre terre : il dort dit l’ homme à l’enfant, les deux en surplomb regardent la cour; le pyjama de l’enfant a des pois : il dort demande l’enfant ; il y a cette jambe repliée à l’envers, désarticulée, et cette petite flaque rouge à hauteur du visage ; après il y a le corps sans nom couché sous la bâche bleue ; il y a la nuit, l’orange, perforée d’étoiles ; il y a les gyrophares et une sorte de berger court sur pattes muselé qu’on fait monter dans un fourgon : le chien du mort est vif ; il y a un homme torse nu à un autre balcon ; il y avait eu cette femme qui fumait, celle qui avait vu , elle est couchée à présent, une autre femme lui tient la main tandis qu’un bébé dort dans un couffin près du lit…
2 commentaires à propos de “#LVME #11/12 | il y a , il y avait, il … à compléter”
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Merci Nathalie. La collection de toutes images fabrique une emprise telle que nous devenons témoins, spectateurs, voyeurs d’une scène de crime qui n’est peut être pas. Très fort.
C’est peut-être pas ce qui était demandé … on fait des trucs après on voit ( c’est un atelier ) merci Ugo de venir voir . Bon haïku !