LVME #05 | Phospho Guano

C’est un graffiti recouvrant toute la longueur du mur de l’ancienne usine Cie du PHOSPHO GUANO dont les lettres sont découpées dans une bande d’acier couleur brique qui m’accueille. Des lettres jaune canari dansent dans l’enlacement d’un liseré violet ou bien est ce les formes d’un langage inconnu dont le regard me scrute. Le pirate de dessiné animé, dents jaunis, sourcils épais grogne en silence, arborant des cranes et os blanchis sur l’avant de son chapeau. Son tonneau de trésors s’enfonce dans les mauvaises herbes du trottoir.
A l’intérieur, de grandes bâches tendues sur les barreaux rouillés de la clôture d’enceinte retracent en photo la vie du quartier. Les vagues lèchent la digue, emportées par la tempête, seul le phare se dresse droit. La tempête de 1885 a fait 23 victimes indique l’encart.
Un couple, pied à terre des vélos, regardent l’objectif, la femme en jupe longue et chapeau fleuri, l’homme la jambe posée devant l’autre en un mouvement décontracté. Ils sont au niveau d’une bitte d’amarrage. Elles sont au nombre de huit sans aucun bateau de pêche à leur perpendiculaire. Le noir et blanc masque la couleur du ciel et celle des phares de jetée. Un bateau s’avance vers un large calme. A l’opposé, sur le mur de la jetée, un homme se tient debout pour scruter l’horizon ou bien pécher De dos, il masque ses gestes. Certainement l’une de ces photos que l’on développait en carte postale. Un timbre vert de cinq centimes a été collé sur l’image, représentant La Semeuse, motif créé par Oscar Roty.

… à poursuivre

A propos de Fabienne Savarit

J'ai toujours eu envie d'écrire des histoires. Le temps me manque, alors j'écris par petits souffles, en atelier, dans des carnets, sur un coin de table. Mon premier roman a été publié en juillet 2020, j'en suis encore ébahie. Mes mots sont voyageurs et se perdent au creux des courants marins. https://www.facebook.com/Fabienne-Savarit-Autrice-105753008006663

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