Bitume aux éclats de racines.
Signalisation horizontale anthropométrique ou abstraite : ligne continue. Piéton. Flèche. Vélo.
De l’eau (pisse) dessine une île, retient le ciel , des oiseaux y boivent
Fresque : visage serti de fenêtre sur quatre étages, femme au turban; sinon couleur ocre, volet mécaniques rouge brique
Parterre de pelouse, ras. Herbe rase, rare, jaunie. Déjections.
Buissons à fleurs mauves ou roses selon
Baies, portes de verres. Digicode avec bouton d’appel alphabétique
(navigue au Z : Zharb Zhang Ziegler navigue au H : Haab Hecquet Hidoux…) ( l’autre jour sur un mur – dans la liste alphabétique par années– le nom du père le sien )
Tapis d’accueil antidérapant à picots synthétiques encrassés logé dans un rectangle de béton en renfoncement d’un cm tout au plus . Le bord du tapis rebique.
( le bord qui rebique, la crasse, la fissure, le trou c’est le plus difficile à reproduire – la béance pour faire vrai, l’usure -, dit le père en prenant une photographie de détail au Polaroïd )
Faux bois les murs et de grands miroirs, à chaque bout de couloir, comme des caméras sans mémoire.
Jeu d’appliques en verre, température couleur froide, à détecteur de mouvement. Angle de murs haut caméras de surveillance, axe portes et ascenseur .
Pan de verre martelé, deux mètres sur deux avec jointure: vers la cour effet de flou texturé
( à présent c’est elle qui prend une photo avec son téléphone recyclé à un seul objectif, elle pense qu’il faut en changer, en prendre un plus sophistiqué, elle reporte toujours : enregistrer les fantômes )
Portes rouges, cabine large et profonde tapissée de miroirs : boutons à hauteur de fauteuil, douze étages et sous-sol. Sol lino marbré gris. Caméra mais où? Là dans le coin droit : Tu vois?
Couloir éclairage insuffisant : cinq portes fois deux, à droite; cinq fois deux, à gauche. Sonnettes, nom ou pas; paillasson ou pas et nom parfois ; chaussures de sport une paire; pack d’eau trois ou quatre ; poussette deux ; parapluie un; carton un jeu, empilés marque Auchan
Papier peint gaufré qui se décolle autour des portes.
Fil électriques sortis de leur gaine.
Consigne – en cas d’incendie- sous verre
– Bâche mouchetée de plâtre sur lit de carreaux noirs blancs, transparence ; parquet vitrifié ; chute de moquette synthétique râpeuse; Lino vert cru puis jaune puis autre à motif; barre de seuil avec visses dévissées; carreaux devenus poreux : matière qui fait grincer des dents ; portes de placard starifiées ; aggloméré en friche ; trainée de feutre, entre interrupteur et plinthe, arc en ciel ou queue de comète ; empreintes : deux mains taille enfant; puzzle de mousse en tapis ; tapis rond à franges ; fleurs romantiques bleu porcelaine en tapisserie ; papier paille d’un couloir léger relief ; pan de mur bleu ; trois crochets ; vue de Naples lenticulaire sous verre; jeu de post-it en chemin de fer; cartes du monde en deux morceaux; natures mortes accrochées en colonne : robinet avec citron sur fond orange saturé, poire et pomme en compotier; poire emboitées dans une coupelle verte sur dos de cadre en réserve avec trou d’accrochage … mur blanc nu, parquet flottant ; murailles de livres… –
En lisant ce texte, je me suis souvenu que la consigne m’a tout de suite inspiré « la crasse » des sols et des murs , encoignures ou coins oubliés, jamais ou mal nettoyés. C’est ce qu’on voit en premier quand on circule en ville malgré le travail de Sisyphe des femmes et hommes d’entretien , » technicien.ne.s de surface », des conciergeries de plus en plus rares, des agents municipaux ou hospitaliers préposés à l’hygiène collective. Le rapport à « l’impeccable » est très contrasté selon les quartiers et l’argent qui y circule. A la campagne on retrouve ce souci de la lutte contre l’enlisement terreux et boueux et cette litanie de corvées qui incombe le plus souvent aux femmes. Les hommes anciens supportaient mieux la saleté, générations de soldats et de travailleurs à la sueur de leur front. Les femmes éduquées à la tenue de leur maison et au service de la famille. Pas question de s’y soustraire. Aujourd’hui, la propreté se trouve dans les lieux publics qui tiennent au standing de leurs prestations, on préfère démolir, repeindre ou restructurer les aménagements qui vieillissent , la crasse et le désordre sont relégué.e.s dans les arrière-boutiques, et les arrière-cours » où l’aube n’a pas toujours sa chance » comme le chantait Barbara… Plus qu’un rapport aux sols et aux murs, c’est la relation à la crasse que m’inspire cette consigne. Et je la retrouve a minima dans ton texte. Du coup ça me saute aux yeux et aux narines. Dans mon étable elle était plus familière mais le choc dans l’enfance était avéré. Un mélange d’attirance et de répulsion…
La terre, la boue, la glaise, le salpêtre attraction/rêverie (répulsion dans la confusion qui peut s’installer) La crasse urbaine ( pisse ordure et autre déjections chiens pigeons et autres bipèdes ) produit de belles images flaques de trottoir, tracés de hasard… puis l’odeur de la réalité remonte, la la crasse épandue se révèle dans sa matérialité, elle rejoint sa source , vient le dégoût traces se confondent avec crasse … dans les halls d’immeubles, elle répugne… le dehors pollue le dedans… une fissure dans le mur inquiète ( c’est beau une lézarde) . La crasse des bois, des chemins, des rivages n’est pas la boue, ni les amas de feuilles pourrissant, pas les pierres ou les branches éparses : ce sont les ordures déversées les sac et plastiques abandonnés…je m’emmêle les crasses . merci du passage sur tes terres d’enfance Marie Thérèse