Aujourd’hui encore la lumière aveuglante qui inonde la pièce empêche de distinguer l’aménagement de la cuisine. Ce que nous savons, c’est qu’il s’agit d’une pièce rectangulaire de petite taille, ouverte d’un côté par une porte qui donne sur le couloir de l’appartement et de l’autre par une fenêtre sans rideaux. A cette hauteur en effet aucun vis-à-vis n’est à craindre et le ciel occupe tout l’écran de la fenêtre. Durant les mois d’été, les rayons du soleil entrent même presqu’horizontalement dans la pièce créant le contrejour puissant qui a effacé les souvenirs. Nous supposerons que l’évier se trouve sur la droite en entrant, et peut-être est-il encastré dans un mobilier qui se prolonge par un plan de travail, des armoires basses et des placards en hauteur. Le frigidaire pourrait se trouver sur le même mur, juste à droite de la porte, tandis que sur le mur de gauche une petite table d’appoint, et peut-être une chaise, seraient disposées. Un calendrier ouvert à la page de mars 1963 serait punaisé sur le mur de gauche, au-dessus de la petite table. Quel que soit leur aménagement, les cuisines des appartements arrière gauche dont le numéro 133 fait partie, forment une colonne structurée autour des canalisations d’eau encastrées dans le mur de droite. Dans les cuisines ainsi empilées, les habitants se meuvent tels des personnages de carillons circulant de l’évier à la table, du frigidaire au vide-ordures, aux heures fixes des départs pour l’usine et des repas de fin de journée.