#LVME #03 | kebab

Si réfrigérateur, cuisinière, tire bouchon, broyeur de noix, tablier à fleurs, définissent la cuisine, alors c’en est une, si c’est un espace clos dédié à la préparation des repas, alors non. L’espace devant lequel ils dansent, un pied dedans un pied dehors est espace de vie, seul un îlot lieu de rencontre marque limite, les enfants hauts comme trois pommes, agiles comme des singes grimpent sur les meubles pour attraper des marshmallow dans les placards haut placés.
Il parait que certains jours le temps passe à attendre les repas et que, si tu es seul et que tu ne fais pas gaffe, ce sont les repas qui finissent par organiser tes journées. On raconte qu’un monsieur qui pourrait manger chez lui ou se payer de bons restaurants va au restaurant social du quartier pour voir des humains, pour qu’on lui parle, il ne parle pas beaucoup, regarde, on le regarde. Il arrive en avance, ne perdrait sa place pour rien au monde. Alors la cuisine ce n’est pas rien. On y passe souvent, elle peut être un jour salon, un autre salle à manger, simplement cuisine, chambre à coucher pourquoi pas.
Dans la ville, il y a tant de possibilités d’acheter de quoi manger qu’il serait dommage de ne pas profiter du traiteur, du grill coréen, du kebab sympa alors il y a tout ce qu’il faut pour réchauffer, assaisonner. Ils l’appellent coin kebab, un micro ondes pour les jours pressés, un four pour ceux qui ont le temps. Il y a place aussi, plus grande, pour mitonner un bourguignon, déboucher un Saint Joseph. Il y aura un recoin pour s’isoler, prendre un café seul ou à deux.
Alors, la cuisine : faire rentrer l’extérieur en un point de chaleur, resto à domicile. Avec tout ça, il n’est peut être pas besoin d’une obsession de la rencontre.

A propos de bernard dudoignon

Ne pas laisser filer le temps, ne pas tout perdre, qu'il reste quelque chose. Vanité inouïe.

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