Il se pose au centre du cercle. Toujours par beau temps. Jamais quand il pleut. Régulier, à l’heure où le soleil est plein sud. Dans sa main gauche un calepin à spirale qui ne le quitte jamais, son carnet de croquis. Il patiente. Il observe. Il attend une risée sur la mer, le passage d’un milan dans le ciel, le mouvement d’une branche dans l’arbre au premier plan.
distinct ou confus
facéties de l’horizon
l’autre fait nos yeux
Sa main droite choisit un crayon, un stylo bille, une mine ou un feutre dans sa poche de poitrine. Il trace un trait, puis un autre et un autre encore. Il griffonne, revient, efface, retouche, salit d’un doigt mouillé à sa bouche. Il tourne la page, attaque un autre croquis. Et un autre encore. Et un autre ensuite. Et un autre sans cesse.
nos yeux font l’autre
paysages ennemis
amis rarement
Il est beau, ce moment suspendu, silencieux, attentif, Ugo. Merci.
suspendu attentif ) … c’est doux et pas seulement, un combat? Le dehors, le regard, la feuille , la main … voir et tenter de retenir sans cesse . Salir d’un doigt mouillé salir ou donner plus de la profondeur au dessin en le brouillant d’un doigt … J’aime comme il se pose dans le paysage . De la 1 à la 2 quel beau chemin ouvert
Cette disponibilité au surgissant est matière à haïku. Rien n’est prévisible, tout est là dans l’éclair d’une vision et sa transcription sur le vif du papier. Le crayon est un rameur de lumière. Le mot « risée » est une merveille. Comment écrire les rides immémoriales de la mer soulevées par le vent ? Seule la poésie y parvient par chances fugitives. Merci Ugo !
Merci Xavier, Nathalie, Marie Thérèse. Cheminons, cheminons.
oh le beau rythme ! et la justesse et délicatesse toujours
Il faut capter, aller vite, multiplier, être routinier, patient, impatient avec les paysages ennemis. C’est vif dans l’écriture, dans la recherche de la précision. J’ai pensé à ce qu’on cherche à saisir de l’autre lorsqu’il faut le décrire. Le parallèle ou ce qui diffère. Nos yeux font l’autre ou l’autre fait nos yeux. Tout ce qui résulte de ces quelques mots, du texte. Merci, Ugo.