Trois coups de sonnette, un employé de la Saur, compagnie des eaux, demande où se trouve le compteur. La femme l’ignore. L’homme d’une cinquantaine d’années porte un tee-shirt noir, un pantalon noir et un gilet sans manches vert fluo avec le nom de la compagnie imprimé. Il part explorer le garage, l’arrière cuisine, le jardin. Son corps est souple. Quasiment allongé, se redressant, soulevant des pierres puis une dalle, après s’être emparé d’un tournevis salvateur il finit par trouver. La satisfaction d’avoir atteint son but lui décroche un sourire. Soudain il pousse un cri, effrayé par un nid de scorpions. Il empoigne un bâton, se transformant en canne de combat, les deux mains sont positionnées en pronation, pouces l’un vers l’autre, au bout du bâton, le développement complet des coups s’établit selon de trajectoires verticales, horizontales et obliques. Les insectes noirs sont morts. L’homme essoufflé rejoint la femme. Il s’étonne de l’absence de nom sur le compteur. En fait la consommation d’eau est comprise dans les charges, le compteur appartient au propriétaire. Long discours de l’employé — ce n’est pas le règlement. La mobilité de son visage agite le piercing de son oreille et de son nez. — C’est une pratique assez courante, permettant en cas de basse consommation de faire un profit soit pour le propriétaire soit pour l’agence. Il faudra le signaler, mettre de l’ordre —. L’homme est bavard, enjoué, il boit le café offert, hésite à s’asseoir, mais finit par y consentir peut-être à la vue de la boîte de chocolats. — Trop de travail en ce moment, mais une halte est la bienvenue, la vie devient difficile, les gens ne se parlent plus.