#LVME# 01 Balançoire

Aujourd’hui encore, il a beau pousser, tirer, tenir, piquer, elle ne sonne plus, la sonnette.
Il appelle une réponse: ouverture du portail électrique. Il s’ouvre lentement, bruit de casserole rouillée, jouet d’enfant pauvre. Les brebis profitent de l’ouverture pour s’engouffrer dans le dehors, sur la longue route cabossée.

Une voix résonne “Mes petites carpes, venez ici! Là bas vous salirez vos jolis duvets! Et vos cloches qui ne sonneront plus pour personne!!? Vous ne voulez plus de nos bergerade héroïque? J’aime l’odeur de vos pétoulettes, de votre mohair! Mes petits poissons poilus chéris, rentrez à la maison!”

Rrrhhhh mhff miams, gloup, ça pique cette matière, je les préfère en photo, les pulls en laine. Je retourne m’allonger, miams, rrhhh..
Elle est bonne cette eau chaude, et ces framboises !!!! Miams, glup, ça colle aux doigts par contre… Il y a un chiffon ici? Bon, j’essuie sur ma robe, pas grave, m’en fou, tfaçon.
Tu te souviens de l’enfant de Bosco? J’adore les histoires de rivière, si il y en avait encore je partirais courir dans les champs et je plongerai dans l’eau froide mon corps tout entier, j’y mettrais même la tête! Ici il n’y a plus rien que ces poutres immenses grignotées par les capricornes. Brrr miams, gloup, je suis sûre que le berger, lui aussi, est un xylophage. Écoute le, qui beugle et devient chèvre… Gloup, gloup, miams, je retourne dans mon lit bateau.

Il y a la table, les chaises, la gazinière sur le côté, à gauche, un évier, quelques chiffons entassés, et, un reste de quelque chose.
Des pelures partout, les fenêtres brisées,des peintures à gratter, les plantes d’intérieur desséchées, un piano désossé. Un parquet cramoisie, des carottes et des patates germées. Le silence est presque complet. La cheminée brûle, personne ne la regarde. Les fissures laissent entrer le soleil et des ombres courent sur les murs.

Ici on ne fait que passer. Il y a ces jolies choses par terre qu’on ramasse à la pelle et des traces de pieds boueux.

Faisant fi des cris du berger affolé, l’enfant se balance. Le nez et les orteils en l’air, talon au sol, il repart, recommence. Avec des secousses rigolotes, il cherche à accélérer, à s’élever. Il voit le ciel, plisse les yeux, il voit les constructions, il voit l’herbe sèche. Avant, arrière, cela donne un tournis agréable. Le bruit frotté des cordes contre le fer, il le connaît par cœur, ne s’en inquiète pas. Quand tout à coup, il change d’idées, se lève et saute sur un cheval en criant des hiiii hiiii, des cataclop, cataclop, cataclop, cataclop, tagada, tagada, tagada, tagada.