17h57, 7 décembre, le plafonnier de la cuisine s’allume, escalier 3, sixième étage, porte gauche, un homme ouvre la fenêtre, se penche, secoue une main menaçante vers le bac à sable situé au pied de l’immeuble où quelques enfants font rouler des billes sous le halo d’un lampadaire, aussitôt un petit garçon se relève d’un bond, secoue le sable de ses vêtements, court vers la porte d’entrée, tête rentrée dans les épaules.
Il est presque 18h00 ce 7 décembre, au douzième étage, escalier 7, porte droite, deux petites silhouettes grimpent sur le rebord étroit de la fenêtre, tirent sur eux le rideau épais laissant filtrer juste assez de lumière pour dessiner en contre-jour les contours de leurs corps d’enfants immobiles, plaqués contre la vitre froide.
7 décembre, escalier 4, huitième étage, porte gauche, quelques minutes avant 18h00, un chat blanc passe la tête par la fenêtre entrouverte, il glisse son corps sur le rebord étroit, se penche dangereusement, moustaches au vent.
7 décembre, au cinquième étage de l’escalier 1, porte droite, quelques minutes avant que l’oiseau ne jaillisse de sa boite pour chanter six coucous, trois enfants dans une lumière bleutée regardent la télévision, blottis l’un contre l’autre sur un canapé en velours côtelé.
Ce 7 décembre, à presque 18h00, elle rentre dans l’appartement, dixième étage, escalier 2, porte gauche, allume le néon de l’entrée puis le lampadaire en bois du salon avec son abat-jour frangé, se poste devant le grand miroir fixé à l’angle de la fenêtre et se déshabille lentement.
C’est le 7 décembre, il est presque 18h00, une femme apparaît au coin de l’immeuble, elle interpelle une fillette qui joue aux billes sous le lampadaire, la petite court, se blottit dans ses bras puis toutes deux, main dans la main, se dirigent vers l’escalier 5 en sautillant pour faire danser les lumières, avant de franchir la porte du hall d’entrée elles s’arrêtent et contemplent l’immeuble qui dessine une longue guirlande lumineuse dans le ciel.