qui fume
qui déambule
Qui est porté
qui jouent : 1,2,3
Qui dort ou fait le mort
Qui revient de course
Qui est couché
Qui tape
Qui tape
Qui est pendue : cochon pendu
Qui danse
Qui pique
Qui souffre
Qui lit
Qui lave et chante
Ce jour-là, cent septième de l’année, vers le soir. Jour encore. Dans deux heures et quarante six minutes le soleil aura disparu . La fenêtre grand-ouverte, rectangulaire, coulissante sur rue : troisième droite. Débardeur, casque aux épaules, à genoux sur le tabouret, buste projeté en avant : comme se tirer hors de au risque de tomber; tête, corps frêle, au plus près du ciel. Elle fume. Hors-champ leurs chants, comme une volière à ciel ouvert – tous ces oiseaux – et le silence assourdissant de La rue à l’arrêt. Elle, penchée à la fenêtre; les arbres du trottoir on dirait qu’ils ont grandi d’un coup. Ça lui sort de la bouche et du nez, souffle loin la fumée, elle stagne, la disperse . Sa longue main comme faire signe : à quoi/qui ? Hier la bague a glissé de son annulaire ; elle aurait pu la laisser sur le bitume, la livrer au hasard, aux pies. Est-ce que son doigt fond. Est-ce que tout son corps va fondre et disparaitre.
Derrière, entre la cuisine et le salon, quelqu’un déambule ; le buste balance : Berce le chaudement… cependant, non, il n’a pas froid. Dix huit degré dehors. Dans le sac kangourou, l’enfant dort.
Ce soir, quatrième mois de l’année, dix-septième jour du mois : Anicet c’est le prénom du jour. L’éphéméride cloué au mur, la table repoussée contre, juste sous l’éphéméride, hors du tapis . Des cubes, un ballon, des feutres. Une boîte de céréales bée. Accroupis les trois – leurs jeux sur le tapis- , entre deux et six ans. Visages, mains, maculés de feutre et de chocolat . Quatre bols et le lait renversé ; un molosse lèche le lait.
Derrière, le corps occupe la longueur du canapé, c’est quelqu’un qui dort ou qui fait le mort. En gros plan à la télévision, écran géant (mais il n’y a pas le son) : un visage connu
Rien. Le dix septième jour, rien . Rien , toujours rien, elle dit. Elle porte deux sac. Deux sacs de course pleins, à bout des bras. J’ai le journal, c’était le dernier d’avant hier , tu veux boire ? Elle pose les sacs, elle sort la bouteille de soda. Elle entre dans la chambre avec le journal et la bouteille. Rideaux tirés, les fleurs de rideau en contre-jour n’ont plus l’air de fleurs. On dirait que les arbres de la rue ont grandi d’un coup, elle dit.
La tête de lit au bois blond. Le corps immobile au bois dormant, torse velu. Il y a un chat posé dessus, une peluche on dirait . Ça pue.
… et j’ai crié crié crié pour qu’elle revienne
Deux heures et quarante-trois minutes, après il fait nuit. Dix huit degrés. Fait beau. Vol de perruches : un essaim vert cru . Dans le placard le monticule de chaussures est un siège meuble qui lui entre dans les fesses ; elle tape sur l’ordinateur entre deux manteaux. À la table de la chambre il a son casque, il tape vite, le texte défile blanc sur noir; quelque chose cuit la fumée passe la porte, la fenêtre s’embue.
La troisième s’est pendue à la barre d’exercice qui force les murs, accrochée par les genoux, tête en bas: Anicet, c’est vraiment le prénom du jour?
Talon, pointe, talon ; juste au dessus au quatrième : nu, il danse. Le sexe balance, large, lourd ; talon, pointe, talon, face au miroir et le grand ciel en fond comme danser dans le bleu : talon, pointe, talon . Regarde son sexe. Talon, pointe. Le trente-deuxième jour les tulipes dans le vase ont fondu. Il danse: talon, pointe, talon. Nu
La main s’apprête à piquer le corps couché sur le côté, décharné. La main pique. Deuxième gauche. Le chanteur est mort, elle le lui dit avant de pousser la porte
Dans l’escalier, assis avec le livre . Au septième, la dernière marche, c’est là qu’il lit du matin jusqu’au soir. La nuit tombe à 20h46. C’est le 17 avril. Une année paire. Deux heures et quarante cinq minutes encore. Il tourne la page 247. ( Il y avait une boite à livre en bas, à présent elle est vide) Dans sa chambre on voit le ciel par en dessous
Au deuxième elle lave le poulet. Elle chantonne
Nous faire tourbillonner dans ces instants pluriels et de si troublants espaces, au trente deuxième jour du…
Quelle force Nathalie. Bravo et merci.
Merci Nathalie pour ce premier texte d ‘une série qui s ‘annonce pleine de surprises car , je ne sais pas où tu vas , mais dans ta Maison Mode d ‘Emploi, il s’en passe des choses. et je lis maintenant après l ‘écriture de mon texte, quelques occurrences communes , c ‘est drôle ! ( des enfants, , femme, homme , poulet..)
Merci Ugo et Carole ( mais où ça va ce truc )
j’avais renoncé à savoir ce qu’était cette date, et puis peu à peu elle est venure se dévoiler… tant pis ce qui comptait et m’intéressait c’était eux que j’observais (très furtivement dans un cas)
et c’était bien
( j’élague faut faire de la place ) Merci d’être passée Brigitte
(le placard : une chambre à soi)
Comme la tête : encombré … merci du passage