Une enfilade de rien. Plus loin aussi, il n’y a rien. Le béton épluche mes pas, chacun d’eux me rapproche de la fin ; mais il n’y a jamais de fin. Tout est si lent que rien ne semble bouger. Tout reste à sa place, tout est statique. Le temps lui-même s’est arrêté de compter. Les mêmes arbres, les mêmes plantes, les mêmes herbes, les mêmes fleurs, les mêmes étangs, les mêmes antennes. Je suis comme sur ce fil noir, ce même fil qui relie en continu les poteaux électriques où les oiseaux se posent toujours et contemplent ce rien.
Ces bandes grises et blanches, elles se fixent, s’imprègnent dans ma rétine, et défilent tel un guide indiquant le chemin dans ce labyrinthe pourtant rectiligne, droit, mais je n’en trouve pas la sortie. Il fait bien jour en haut, c’est grand, lumineux. Mais mes pieds s’écrasent sous le goudron, il m’empêche de lever les yeux et de voir enfin, le bout de la route.
À la vue d’une voiture, cassant la routine de ce paysage, cela me changeait de ma longue traversée solitaire, mais je n’en voyais toujours pas la fin.