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Si l’on devait en célébrer, hésitation entre tourne-disque, vélo, fusée. Alors, tout simplement : le lit ! Ô matelas : a-t-on chanté assez tes douceurs inconnues, tes chastes rebondis, tes langueurs océanes ? Ô drap ! A-t-on assez loué ton fin tissé de fils, tes senteurs de lilas, ton lissé impeccable ? A-t-on assez narré pour quels voyages embarqué, l’Homme se déleste de son corps et laisse planer très haut dans le ciel un esprit libre de créer rêves somptueux, rêves freudiens, rêves feuliens, aventures, escapades… où même quelquefois, on s’invente mort. Lit d’herbes, lit de sable, lit d’eau ? Que nenni ! Compter fleurette dans les bois, s’allonger sur le dur, hériter des bestioles, et goûter la rosée ? N’a qu’un temps ! D’autant que de par la loi de la pesanteur qui vous plaque à son socle, le lit, le vrai, permet équilibres, arabesques, entrechats, dont des personnes, quoique souples, comme vous comme moi, jamais sur un plancher, jamais verticalement, n’eussent pu exécuter le quart de la moitié. Contorsions, étirements, bref, figures admirables, vous font atteindre à l’Art, danseur insoupçonné vous êtes, au moelleux confié. Ainsi va l’Homme, simple humain au coucher, qui la nuit renaît, trapéziste sans trapèze, équilibriste sans filet, Voyageur de l’horizontal. Et s’il fallait rajouter : seul lieu capable de réunir et nature et culture, nos graves discordances. En vérité, je vous le dis : c’est le lit, qui les concilie.
belle ode à un indispensable
Qu’en termes élégants ce commentaire m’arrive. Et tellement merci !