Dominant la rue étroite, d’où montent parfois les regards des rares passants, le dôme d’un platane se déploie jusqu’aux toits des maisons qui bordent l’autre côté de la rue au dessus du mur que leurs yeux escaladent, mur roide et droit, comme fait de bric et de broc, à grands coups de pierres grossières encloses en épais mortier, avant, au niveau de la terrasse invisible, perchée au dessus du boyau où, piétaille, ils avancent, une frontière à partir duquel l’appareil s’ennoblit, se civilise, montre des pierres régulières aux parements soigneusement dressés, lisses, assises soignées sur lesquelles s’appuient les gros et gras balustres de la rambarde bordant cette avancée cintrée du mur, comme une poupe arrondie qui dominerait, non pas un sillage mais le rien de la petite rue auquel elle n’offre du jardin, de ses occupants, de leur monde, que l’évocation de rêveries accoudées à la pierre devant la chute du jour par delà les bâtisses, ou d’une conversation chuchotée de deux êtres venus là, au bout de leur territoire assigné, pour préserver le petit secret de leur entretien.
image © Brigitte Célérier – Avignon
Je m’imagine bien dans le secret de cette terrasse invisible.
moi aussi (sourire)
J’aime bien « la conversation chuchotée de deux êtres venus là, au bout de leur territoire assigné, pour préserver le petit secret de leur entretien… », c’est chouette de parvenir, un tant soit peu, à échapper aux « territoires assignés »…
Monde du haut et monde du bas si délicatement (mais clairement) désignés, ça en dit des choses…
Je le reconnais, me semble-t-il, moi qui avance essentiellement le nez en l’air… Dominer le rien pour n’offrir « que l’évocation de rêveries accoudées à la pierre devant la chute du jour », c’est beau… j’aime toute cette longue phrase…
Marlen et si tu le reconnais tu sais que la possibilité d’une terrasse suspendue est nulle, mais moi je la vois toujours là, alors…
… un nouveau décor pour un Roméo et une Juliette…
J’aime aussi cette promenade du regard du bas vers le haut