Je veux saisir l’insaisissable de ta présence derrière la porte, la porte de derrière ainsi nommée, la porte de l’enfance, les aboiements insupportables des chiens et puis plus rien, plus de chiens, mais des chats dont l’odeur subsiste dans la véranda, les plantes, tes plantes ne sont plus arrosées, le babyfoot est recouvert de poussière, la voix des enfants et des grands, les cris de joie, on a gagné.
Je veux saisir l’insaisissable de ta présence derrière la porte, il est 7 h du matin tu te lèves, c’est toi qui allumes la cuisinière, cette grosse cuisinière-chaudière qui chauffe la grande maison, tu mets les bols sur la table de la cuisine, le mien est ébréché, il se perd dans l’odeur du feu de bois, le bruit du feu qui crépite, hier tu es venue en voiture me chercher à la gare, un petit personnage en paille tressée se balance accroché au rétroviseur, les sièges sont recouverts de tissus, les mêmes ceux d’autres voyages, aujourd’hui nous irons marcher.
Je veux saisir l’insaisissable de ta présence derrière la porte, te prendre dans mes bras, te dire ça va, je suis là, il n’y a rien de changé, je veux te respirer, nous allons au jardin, le rang de plantation des haricots verts n’est pas droit, nous riions, nous prenons le petit chemin, saluons le voisin, le ciel est bleu, les primevères réveillent nos souvenirs, la confiture d’abricot sur les grandes tartines de pain, la maison des grands-parents, nos fous rires d’Italie, les champignons dans les bois.
Je veux saisir l’insaisissable de ta présence derrière la porte, ta voix pour ne pas l’oublier, ils disent vous avez la même voix, peut-être, je ne sais.
Je veux saisir l’insaisissable de ta présence derrière la porte, te demander pourquoi n’es-tu plus là ?
L’insaisissable…Nostalgie l’a saisie.
et vous avez la même voix… ces mots qu’on nous dit 🙂