Lotissement clos. On entre dans le grand monde en passant l’entrée. La ligne droite qui suit est effrayante de longueur, insurmontable. C’est l’Avenue de Ripaille. En partant en avance, on a peur d’arriver en retard. Certains marqueurs, par habitude, figent en nous la distance qui nous sépare encore de l’école : le passage piéton, le sapin, et le bureau de tabac. En arrivant, enfin, au rond-point, on attend ceux qui habitent de l’autre côté. On se rejoint tous, en rang avant la classe. Les plus attendus, ce sont ceux qui apportent les ballons, Xavier en tête de liste. Je le croise de temps en temps, sans ballon et presque sans bonjour.
Le dernier virage, avant le gigantesque portail vert, fait monter l’excitation. La vision des premiers visages autoritaires, au loin, me saisit. La petite dizaine d’amis que nous sommes aperçoit alors celle qui a le plus joli des visages, tous amoureux. Aujourd’hui encore, il faudra la meilleure note, le plus joli but, une belle lecture ou la course la plus rapide pour espérer lui emporter un sourire.