Elle suit la ligne jaune tracée sur le linoléum bleu — son fil d’Ariane — qui la conduit vers où, vers qui, vers quoi, elle ne sait pas. Elle ne veut pas savoir. Il n’est pas temps pour elle de se poser des questions dérangeantes. Pour les éloigner, elle observe le couloir violemment éclairé, les tableaux qui ornent ses murs, des aquarelles médiocres, paysages bucoliques et bouquets de fleurs échevelés. Elle note les affiches du moment, port du masque obligatoire, gestes-barrière à observer, protégeons-nous les uns les autres… toilettes fermées, accès interdit, et merde, elle a envie pressante de pisser…
La ligne vire à gauche, aboutit dans une salle sinistre. Une fontaine de gel hydroalcoolique y trône. Sans contact avec les mains. Génial ! Machinalement elle actionne la pédale. Elle se marre : elle ne s’est jamais lavé les mains aussi souvent de sa vie. Et en observant la bonne technique, pas moins de 30 secondes, sans oublier le bout des doigts, les jointures, les poignets, là où se cachent les germes pervers !
Des chaises espacées de deux mètres font la ronde autour de la pièce, une ronde trop sage, elles sont scellées au sol, pas question de les déplacer. Elle s’assoit. Le siège raide l’oblige à une posture de reine. Reine ? De quel domaine ? Ce lieu est un désert. Silence total. Lumière incertaine.
Au loin, des rires d’enfants, récréation dans une cour d’école ? La vie.
Elle attend.
Bonjour Christiane,
Un monde dur pour votre visiteuse, et pourtant bien posé, intrigante ligne jaune, où ira-t-elle…
Bonne suite,
Cat