Il y en a eu beaucoup avant eux, des longs, des ventrus, des à ressorts, des rouges, des bleus, des jaunes, des noirs, des lignés, certains commencés et vite abandonnés, des non-lignés, tous remisés dans une grande boîte de carton marquée CALEPINS. En effleurant seulement la couverture, je peux deviner à quel moment il correspond, certaines sont striées en plastique, d’autres en carton abîmé, d’autres encore portent des élastiques qui les maintiennent bouche bée.
Maintenant, je voyage léger, fini le grand sac de fille où je transportais plusieurs kilos sur l’épaule sans trop savoir ce qu’il contenait et, sur ma lancée j’ai opté pour le petit carnet ou plus exactement, pour trois petits carnets. Chatoyants, peu communs, rangés dans une pochette en cuir fermée par une cordelette qui s’enroule sur un rivet à l’arrière, ornée de 5 perles de laiton, commodément logés dans leur gangue, prêts à s’ouvrir. Le plus « chic » c’est que chacun leur tour, ils laissent dépasser sur quelques centimètres un peu de leur livrée éclatante de dessous du rabat. Leur couverture colorée aux dessins géométriques lance un appel à écrire. C’est là que l’aventure commence, écrire sur du papier népalais reste un exercice périlleux, il faut avoir un bon stylo à bille et non plume (ça boit) qui puisse arpenter les petites pages cousues main. Il faut écrire cabossé, jouer entre les fibres des feuillets de papier Lokta, parfois sauter un nœud un peu trop gros et appuyer.