les pieds enfoncés jusqu’aux chevilles dans la vase dégoutante de la marée basse peur d’être mordue par les crabes puis aspirée au centre de la terre un gloup quelques bulles à la surface et puis plus rien
la flaque d’eau en forme de cœur où se baignent les merles devenue si large qu’on ne peut plus accéder au portail sauf en posant strictement un pied devant l’autre sur la bande étroite entre la flaque et la haie du voisin comme on marcherait sur une poutrelle au-dessus du vide
le sol goudronné après l’ornière se précipite à la rencontre du corps de l’enfant le pédalier pédale à vide le dérailleur déraille les garde-boues d’aluminium bringuebalent petits graviers enkystés dans la peau éraflée des genoux et des coudes qui se couvriront de croûtes
les trottoirs lisses de Paris sous ses pieds nus (pour imiter Joan Baez) en robe mi- longue imprimée de fleurettes bleu myosotis – une insulte aux pauvres quand on a de quoi se payer des chaussures disaient les pisse vinaigres
la brûlure insupportable du sable sous la peau tendre de la voûte plantaire s’imaginer la souffrance de traverser ainsi le désert au bout la soif les lèvres exsangues les os blancs desséchés
succession sensuelle (et fort début avec la vase ventouse, mes orteils se crispaient)
merci !
Des instantanés à rallonger pour notre plaisir…
merci pour l’invitation à prolonger !