Le petit appartement à la montagne. Les nuits en neige chez l’ami des parents – il est aveugle. C’est comme dormir dans la maison d’un secret qui se voit.
La maison rouge avec la grande terrasse de bois. A l’étage de toutes les chambres, la jaune cousine. J’ai fouillé et lu son journal. Il est plein de prénoms de son collège, d’amours et d’amitiés. Ma chambre à moi ne fait pas chambre -ni vie, ma vie.
La liane pend dans les escaliers serrés de bois et propose aux cent singes de brocante son alternative de vieille corde. C’est ma chambre, je le dis aux invités qui montent, à part les trop vieux pour qui c’est sous les toits et trop raide: « c’est ma chambre », et le moment entre quand ils sont tout en bas et quand ils arrivent, je me prépare à être vue en train d’être dans ma chambre comme jouer qu’on joue, ou faire qu’on dort.
La chambre universitaire, le lit d’une place et les trains de marchandises à la fenêtre, comme un paysage vivant qui passe de gauche à droite et pas les saisons de tomber toutes oranges ou blanches, de haut en bas. Tu dormais en journée et j’étais effarée. Tu dormais en journée et je te jugeais. Et pendant que je te jugeais, je t’ai aimé.
La sieste aux antiquaires. Tu étais plus endormi que moi. Je t’aimais plus que toi.
La sieste sans sommeil ni rêve des cimetières, dans la ville. Et à l’hôpital, quelques siestes blanches.
Les réveils de mi juillet, la fenêtre déjà ouverte de la veille. Le jour entier devant, comme un large été.
la chambre jaune cousine (on la voit) et les siestes blanches (on les ressent)
« Et pendant que je te jugeais, je t’ai aimé », et moi j’ai oublié de te dire comme en marchant désormais des phrases me viennent, et j’imagine que tu les écrirais mieux
« La sieste aux antiquaires. Tu étais plus endormi que moi. Je t’aimais plus que toi. » On s’en souvient aussi. Merci pour ces délicats uppercuts.