Ici tout prend le dessus, le vert sur le noir du goudron, la roche marron presque noire sur le vert de l’herbe des prés et la mer plus au loin, très claire ce matin, sur le rocher là où est suspendue cette aire d’autoroute, aussi celle-ci, je ralentis, je freine, envahie par cette suspension. Bandes blanches a lisca di pesce et tout autour ces prés avec ces tables en bois de cette aire de pique-nique. Le kiosque aux fleurs est fermé ce matin, mais plus bas les camionneurs profitent de cet air, l’horizon ici n’est plus bouché par l’immeuble blanc en face et par tous ceux des toutes les rues parallèles, l’horizon ici n’est plus bouché par les voitures et les camions devant, l’horizon ici s’éloigne encore et encore, il se noie dans la mer.
Vert sable qui entoure le parking noir goudron, à cette heure ci on dirait que le goudron fond et qu’il devient liquide, il brille dans sa noirceur, l’air est vapeur et le vertige cette fois-ci te saisit dès que tu ouvres la portière. Les tables sont toutes occupées à cette heure-ci et la mer te saisit à l’horizon comme si l’eau pouvait remonter jusqu’ici et t’emporter avec elle, tu la désires.
Elle est au-delà de la frontière, oui, tu l’as demandée la Ligure et elle apparaît abrupte, noire dans son goudron, tu décides d’interrompre la conduite très tôt ce matin, vert clair de ces prés, la Ligure apparaît sans l’avoir demandée, au delà de mon pare-brise, aire Conioli, après Ventimiglia, après Bordighera.