une femme funambule entre le talon du pied et le bout des orteils comme un passé présent qui force le pas
une femme Picasso dans l’étoffe d’une vie sans bordure sans repère sans présent
une femme flocon recouvrant la page blanche d’un carnet où commence une vie
une femme frisson du sommet de la chevelure aux callosités corsetant le dessous de ses pieds grenade prête à éclater
une femme fractale aux abords de la nuit les yeux écarquillés et le coeur poreux
une femme illégitime inappropriée à l’affût d’un lieu où se réfugier où enfouir sa honte
une femme à ciel ouvert comme une ruine de cathédrale où répandre une lumière d’aquarelle
une femme fêlure aux trouées de ciment qui a la terre qui se dérobe sous son pas
une femme en fuite d’une pensée à l’autre n’en finissant pas d’errer entre des paroles distendues
une femme cimetière figée dans la sensation de son absence
une femme nymphéa dérivant sous le cours de la vie sous l’arête du sensible
une femme apostrophe laissant les silences flotter dans l’attente de mots
une femme à peau froide presque déjà plus là presque déjà squelette
une femme dans l’éparpillement qui cherche à relier ses pages floues
une femme fantôme derrière une fenêtre qui tourne en rond dans la pénombre
une femme dans l’effort de paraître couverte du fard de la respectabilité
une femme effondrée pierre sur le bord d’un chemin sans raison de continuer à vivre
une femme à l’improviste défaite et tremblante à la consistance d’un brouillard
une femme palimpseste de tant d’autres femmes et sorcières des temps oubliés