# les mardis #18 | défilé de femmes

une femme funambule entre le talon du pied et le bout des orteils comme un passé présent qui force le pas

une femme Picasso dans l’étoffe d’une vie sans bordure sans repère sans présent

une femme flocon recouvrant la page blanche d’un carnet où commence une vie

une femme frisson du sommet de la chevelure aux callosités corsetant le dessous de ses pieds grenade prête à éclater

une femme fractale aux abords de la nuit les yeux écarquillés et le coeur poreux

une femme illégitime inappropriée à l’affût d’un lieu où se réfugier où enfouir sa honte

une femme à ciel ouvert comme une ruine de cathédrale où répandre une lumière d’aquarelle

une femme fêlure aux trouées de ciment qui a la terre qui se dérobe sous son pas

une femme en fuite d’une pensée à l’autre n’en finissant pas d’errer entre des paroles distendues

une femme cimetière figée dans la sensation de son absence

une femme nymphéa dérivant sous le cours de la vie sous l’arête du sensible

une femme apostrophe laissant les silences flotter dans l’attente de mots

une femme à peau froide presque déjà plus là presque déjà squelette

une femme dans l’éparpillement qui cherche à relier ses pages floues

une femme fantôme derrière une fenêtre qui tourne en rond dans la pénombre

une femme dans l’effort de paraître couverte du fard de la respectabilité

une femme effondrée pierre sur le bord d’un chemin sans raison de continuer à vivre

une femme à l’improviste défaite et tremblante à la consistance d’un brouillard

une femme palimpseste de tant d’autres femmes et sorcières des temps oubliés

A propos de Solange Vissac

Entre campagne et ville, entre deux livres où se perdre, entre des textes qui s'écrivent et des photos qui se capturent... toujours un peu cachée... me dévoilant un peu sur mon blog jardin d'ombres.

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