les mardis #08/ vue du phare

Version 1

Il a fini sa ronde , on le voit surveiller la rotation de la lentille . Tout fonctionne bien. Il y a une tempête qui démarre dans exactement trente minutes. Il se place dans sa cellule, il l’appelle comme ça. Car finalement un phare, c’est une prison perchée… on sait qu’il dort dans la pièce principale, ronde. Son lit, enfin, il faudrait dire sa couche est un bout de béton horizontal planté dans le mur, à cinquante centimètres de sol. Sa table aussi. Tout est, cercle, à en devenir fou. Il a pris le job. Il fallait bien s’engager. Il n’en pouvait plus de tourner en rond, à ruminer sans rien faire. Après tout, la Marine, c’est bien aussi. Pourquoi ? Ici ? Personne avec qui discuter et dire des conneries. Ressasser le passé. Gardien de phare, c’est sérieux, en plus, on est à l’armée. Il a toujours bien aimé regarder la mer. Oui ,mais là, c’est trop. Même sur les murs, il y a des photos de bateaux, de mer déchaînée. Il a tout déchiré. Tout passé par la fenêtre… N ‘aurait -il pas été un peu trop loin ?…Un phare, seul, au bout du monde , ça fait beaucoup. En vérité, Il est pas trop payé pour dormir. Ça tombe bien, il ne dort plus depuis des mois à ressasser ce qui est arrivé. Il aurait pu le protéger, l’envoyer ailleurs. Voilà, quand on veut jouer au gros dur, il faut pas s’étonner de ce qui arrive, ça il l’avait pas prévu. Maintenant c’est trop tard.

Version 2 

J ai fini ma ronde à surveiller la lentille. Tout fonctionne bien. Il y a une tempête qui démarre dans exactement trente minutes. Je vais m’installer dans ma cellule, là, bien à l’abri. Pendant la tempête je vais lui écrire une lettre, lui décrire ma couche. Ça me passera le temps.« Ma Lisette. Dans ce phare, ma chambre est une pièce ronde , mon lit est dur comme de la pierre, ma table aussi. Tout est, cercle, à en devenir fou. J’ai pris ce job, il fallait bien que je m’engage. Qu’ est-ce que j’allais dire à tes parents ? Gardien de phare, c’est sérieux, en plus, on est, comme qui dirait, « à l’armée ». J ai toujours bien aimé la mer. Oui ,mais là, c’est trop. Même sur les murs, des photos de bateaux, de mer déchaînée. Je vais leur dire qu’à la prochaine relève, il m’apporte des photos de toi, je veux te voir partout. Ouais, toi en photo et la mer en vrai, c’est simple, c’est tout. Et ça changera de ces tableaux à la con… Mais c’est une drôle de responsabilité, le phare et les bateaux , ça fait beaucoup ! Je suis pas trop payé pour dormir. De toutes façons, je ne dors plus, je ne pense qu’à toi. A ton corps , à ton odeur, à tes cheveux, je te donne rendez-vous dans deux mois. J’ espère que tu  m’attendras. Je t’ ai promis. Il faut bien commencer par quelque chose , après nous aurons une maison de phare, avec un lopin de terre et des enfants, et des chiens». signé Ton Antoine qui t’aime.

A propos de Carole Temstet

Née , à Paris en 1966 , professeure de français en invalidité depuis 20 ans , j 'ai fait des formations d'atelier d'écriture chez Bing et Aleph. Diplomée en Développement personnel et en Art oratoire , j 'aide aujourd'hui tous ceux qui veulent trouver leur voi-e-x par l'écriture et la lecture. Coach de vie et animatrice en atelier d'écriture dans les milieux scolaires et associatifs, j 'aide adultes et enfants à développer leur créativité et à y prendre goût au sein de l ' association Mots et Pinceaux à Nogent sur Marne. J'ai publié 2 livres à la Société des Écrivains , un premier roman intitulé "Hors sujet" et un roman pour la jeunesse à partir de 9 ans " Violon d'étoiles" illustré par mes aquarelles, dit par P. Calmon (acteur) et joué au violon par I. Scialom (violoniste). (lien à trouver sur Publibook.fr) site FB : Carole Temstet-Lévy-autrice J 'aime apprendre, lire et être lu, écouter et joué du piano, voir des expos et peindre...

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