Un petit écran qui me raconte qu’entre lui et moi, il y a un monde, qui frappe, qui déchire et qui tue pour un bout de terre, d’espace, ou d’histoires de frontières.
Se faire tamponner nom, prénom, adresse, hôtel dès qu’on débarque quelque part.
Dans l’air, il n’y a pas de frontière, dit l’enfant. Ce sont des espaces aériens, dit l’adulte. Et dans l’espace alors, il n’y a pas de frontière non plus, dit l’enfant. Presque, dit l’adulte.
Faire rouler sa valise pour aller dans le pays de l’autre. Celui qu’on ne connait pas, mais on nous a raconté : pays où on dort mieux, on mange mieux, on se noie mieux.
Entendre des mots, « est-ouest », « sud de l’un », « nord de l’ autre », « intérieur, extérieur », on n’y comprend plus rien. Comment faire rouler sa valise le long de couloirs géopolitiques quand des tunnels sont creusés tous les jours pour massacrer ou exploser.
Faire courir sa valise, la peur au ventre, sur le tapis roulant jusqu’au contrôle, trop long, trop tard, l’avion décolle, on reste ici.
Par où sortir, la drogue, le fric, les veilleurs et les flics bloquent tous les points de fuite.