Ici la ville s’essouffle. L’Aqueduc de Petite Guinée et ses vieilles pierres voûtées mangées d’herbes marque la frontière. Inventorié « en ville » pourtant par les services du patrimoine du Ministère. N’en déplaise. La ville s’essouffle. Sous l’aqueduc. Dans les méandres de la ravine Du Lion. Un ruisseau de hautes herbes que les ondes tropicales font grossir et qui rejoint la Rivière aux herbes. A partir de là plus rien n’est certain. La Ville devient Feuille. Un petit chemin cimenté toutefois, à droite de l’aqueduc. Et puis des traces de ville. Des maisons encore. Des marches. Et puis des cases. Certaines habitées, d’autres non. Quelques visages guettent celui ou celle qui s’apprête à quitter la ville. Et puis le béton et le ciment cessent. Abruptement. Pour laisser place à un petit sentier de terre. Et c’est alors un éboulis d’herbes, de plantes, d’arbustes, de grands arbres avec le bleu du ciel parfois dedans tout en haut et le rouge des flamboyants au mois de juin. La ville cesse. La forêt presse. Et le long, obscurément, la ravine du Lion, toujours, qui rejoint le chemin de la Petite Guinée, de l’autre côté du pont. En contrebas du pont de la Rivière aux herbes. La ville n’est plus, là soudainement. On ne la voit plus, on ne l’entend plus. Si on regarde un plan, on voit pourtant qu’elle presse, qu’elle ne s’arrête jamais, que rien ne l’arrête si ce n’est la mer ou le volcan. Mais là, un petit territoire fait sécession, ici la ville marronne. Il suffit pourtant de remonter le grand escalier de pierre et là revoilà : pulsations des moteurs sur la grande montée vers la ville prochaine. Mais là, en contre-bas, oui, la ville s’essouffle, elle expire dans le vert des herbes folles et le vent dans les grands arbres.
Un commentaire à propos de “les mardis #04 | un trou dans la ville”
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entre extension et disparition . Traces . Effacement, surgissement . Essoufflement. entre béton et feuille . Merci pour la promenade