D’abord ils n’étaient pas marqués, les livres. Cela n’aurait pas été accepté. C’étaient ceux de la bibliothèque de la petite école de campagne de mon enfance. En poste là, Maman et Papa -cela n’aurait pas été écrit comme ça à l’époque, mais depuis on questionne les ordres systématiques… Moi, j’avais le droit de jouer dans toutes les classes, les jours justement sans classe. Et de lire ! Dans l’armoire à la porte vitrée, à l’angle de la salle de classe directoriale, il y avait beaucoup de romans de Jules Verne… Le grand plaisir, c’était de les lire assis en tailleur sur une table d’écolier, de choisir une table bien au milieu de la pièce et, tout en lisant les aventures de Gédéon Spilett, du docteur Fergusson, du capitaine Nemo, de tourner sur soi et de relancer les phrases vers les grandes cartes de géographie, les grandes images des épisodes de l’Histoire, les planches de fruits et de fleurs, tout ce qui était accroché aux murs. Le monde entier et toutes ses connaissances étaient à ma portée ! J’avais le droit de le faire et de le croire mais surtout, ne rien écrire sur les livres !
P.S., cela a été ensuite mes initiales écrites sur les livres de la fin de l’enfance, c’étaient ceux des grands explorateurs modernes, Cousteau, Tazieff, Bombard… Pour les lire, je grimpais dans les branches de l’arbre noueux qui passait par-dessus la clôture et dominait l’impasse. PS, juste mes initiales, parce que je ne voulais pas qu’on me les prenne, ces livres-là ! En les lisant, en laissant partir mon regard depuis le livre, j’avais l’impression d’être capable moi aussi d’un grand voyage, pour lequel l’arbre de l’impasse n’était qu’un tremplin.
Tout a changé à partir des Voyages de l’autre côté, j’avais déjà dix-huit ans. C’est la première fois que j’ai écrit PS sans point, ou plutôt avec deux points après, PS : comme pour Post Scriptum. Parce que l’intérêt du livre était devenu ce qu’il m’invitait à écrire après…
tellement juste et vrai ce que tu décris… j’y suis aussi
je vois l’armoire et les romans de Jules Verne
mais on dirait bien que tu parles de toi, que c’est de toi qu’il s’agit !?… ma foi…
Désolé, j’ai mis du temps à répondre, pris par des tâches que je ne pouvais différer… Mais ta question m’intéresse… Je me suis lancé un défi en faisant venir ce personnage qui a les mêmes initiales que moi… Peut-être qu’il m’est pour le moment plus facile de croire en lui que de croire en moi… Donc question de foi, comme se termine ton commentaire… Et la foi, je viens de me rendre compte que c’était le début de mon #12, que je viens de poster ! ça alors !?