Il y a d’abord les livres qu’on dévore comme une vie par procuration, comme une fenêtre vers le rêve et l’aventure, il y a ensuite les livres programmés qu’on doit lire, il y a les livres qu’on doit expliquer parce qu’il faut transmettre puis enfin les livres qui se glissent dans les interstices d’une vie trop pressée et toujours les livres laissent leur trace, m’entraînent dans leur sillage.
De Daphné du Maurier, facilité de l’aventure, liberté de l’imaginaire, fluidité de moments adolescents.
De Proust, les entrelacs d’une syntaxe ample, écriture miroir où le lecteur se surprend à se reconnaître, subtilement s’insinue au plus profond de nous, vérité et finesse. On lit une phrase qui dit l’émotion, qui dit l’indicible, jusque là.
De Aragon, Aurélien, poésie et horreur de la guerre, sentiment d’un immense gâchis. Pour le goût de l’absolu.
De Dephine de Vigan, Rien ne s’oppose à la nuit, coup de poing qui coupe le souffle.
De Zola, lire avec frénésie toute la fresque sociale, s’en repaître avec gloutonnerie, lire à bout de souffle.
De Le Clézio, Désert, pour la délicatesse, pour les deux voix parallèles, pour le chant du monde.
De Giraudoux, Antigone, pour sentir vibrer en soi la force du désespoir.
De Verlaine, douceur, légèreté, un air pour chaque circonstance.
De Gracq, Le Rivage des Syrtes, pour la beauté tout simplement.
De Baudelaire, le plus grand, comme un venin qui s’instille dans les veines et qui emporte, et qui transporte loin, très loin.
De ….